Feuilleton américain ; En 2 saisons et 30 épisodes. réalisateurs : David Lynch et Mark Frost
Année 1990-91
C’est la troisième fois qu’un de mes enfants tente de m’initier à Lynch. La toute première fois l’aîné nous fit admirer Blue Velvet dans les années 90. J’ai peu de souvenirs de ce film, sauf qu’il voulait absolument nous le faire aimer, et que cela me gênait pour avoir un ressenti. Plus tard au début des années 2000 c’est ma fille qui nous visionna Mulholland Drive. Lorsqu’ elle s’enquit de ce que j’en avais pensé, je lui dis à peu près que j’étais plutôt agacée par ces deux actrices droguées et débauchées dont l’une faisait tuer l’autre et se suicidait. Plutôt agacée par le côté kitsch que j’avais cru remarquer, les couleurs un peu trop vives, voire criardes, les soi-disant indices et clefs. Elle m’a regardée d’un air si haineux que j’ai éprouvé un vrai malaise. Allait-elle me lyncher ?
Dix ans plus tard, c’est mon plus jeune fils qui nous amène un enregistrement de Twin Peaks, le feuilleton (et le film Fire, Walk with me), heureusement en VO.
Vous devriez voir ça !
Je ne savais même pas, avant le générique, dans ma grande ignorance, que c’était en grande partie du Lynch.
J’éprouvai cependant plus de goût pour ce feuilleton que pour les films précédents. La photographie assez belle pour de la télé, les intrigues et personnages nombreux et variés, les genres également bien diversifiés, des aspects comiques alternant avec le drame et le suspense, des gags, des danses, et du romantisme, bref un bon dosage d’ingrédients, me le firent trouver ludique ! Le thème central du double et celui de l’inceste me semblent bien traités. Pas de temps mort jusqu'à l’élucidation du meurtre de Laura.
Sauf que après la découverte de ce meurtrier qui fait penser à Jeckyll devenu Mr Hyde, j’eusse préféré que la série s’achevât plutôt que de continuer à nous livrer l’étrange, fumeux, et diabolique destin de l’agent Dale, au départ perçu comme aimable, bon vivant, et grand rêveur, mais nullement prédisposé à vendre son âme au diable, en échange de quoi d’ailleurs ???
J’avais aimé l’apparition de Laura redoublée sous la forme de sa cousine Maddy aussi sage que l’autre était débauchée. La réapparition d’une femme supposée morte, avec nouveau look et une coiffure et couleur différente s’inspire de Sueur Froides.
Les passages oniriques me font penser au romantisme noir, et à Poe.
Finalement, je ne suis plus allergique à Lynch…ni même aux séries TV dont j’ai pourtant abandonné un grand nombre au bout de quelques épisodes (Homeland, The Mentalist, Docteur House, Dexter…)
La virtuosité et le charme de cette série la placent très au-dessus de celles que j’ai pu voir auparavant.