Avec Niels Arestrup ( le monstre André) ; Emilie Dequenne ( Murielle) ; Tahar Rahim (Mounir)
Murielle est une très jeune fille, naïve, sans contact avec sa famille, sauf sa sœur, plutôt provocante. Elle est institutrice. Rencontre Mounir, et ils se plaisent. La caméra montre quelques baisers passionnés et des phrases inintelligibles. Bientôt Murielle est confrontée à André : c’est l’homme qui a épousé la mère de Mounir (lequel a des frères et sœurs) pour lui fournir une carte de séjour. Murielle et Mounir se marient : séance grinçante, qui donne à Murielle l’occasion de rencontrer la famille ; quelque chose s’écroule pour elle. Elle crie qu’on ne l’a pas épousée pour ça non ? André lui fait une réponse ronde et condescendante « mais non, vous, vous êtes amoureux ».
Le jeune couple vit chez André, médecin, qui procure du travail à Mounir comme secrétaire dans son cabinet. Ils vivent chez André, au lieu de s’installer seuls ; on ne sait pas s’ils en auraient les moyens…les enfants naissent, très rapprochés. Lorsque Murielle suggère qu’ils aillent vivre ailleurs, André se fâche, et dit à son fils adoptif qu’il le vire. Mounir ne peut trouver de travail, ils restent donc avec André. Celui-ci prend de plus en plus d’importance, au point que Mounir déserte la maison et part au Maroc rejoindre sa mère malade. Murielle a maintenant quatre enfants, a sombré dans la dépression, ne travaille plus, et André s’occupe de tout. Il l’envoie chez une psychologue, mais celle-ci apprend que Murielle vit avec André et qu’il est son médecin traitant. Elle est choquée de la situation (on la comprend) ; et déclare ne plus vouloir collaborer avec André. Murielle cesse de voir la psy...
André est une espèce de monstre. Probablement impuissant, (lorsque la sœur de Murielle lui propose une aventure, il perd la face ; seule fois dans le film…)
il s’arrange pour avoir une famille, se plaît à être l’indispensable protecteur omniscient, en écartant les gêneurs (soit ici les parents des gosses). Murielle est prise au piège, si elle s’adressait à une assistante sociale, celle-ci n’auraient sans doute rien fait, vu que c’est André qui a les moyens d’héberger et de nourrir les enfants. Elle aurait pu s’enfuir en laissant les enfants, s’installer seule et reprendre son emploi. Où tenir tête à André, et reprendre son emploi. Où encore vivoter comme cela.
Il est compréhensible qu’elle se sente très mal, et même qu’elle se suicide, mais tuer ses quatre enfants en bonne santé, et avec qui elle a tout de même des contacts… ??? Elle n’a rien d’une Médée, cependant il est possible que dans son délire elle n’ait trouvé que cela pour soustraire ses enfants à André, pour le punir…
On peut supposer que depuis la naissance du quatrième, elle souffre de psychose puerpérale.
Le cinéaste a voulu montrer qu’un tyran domestique peut sévir en étant aimable, serviable, sans violences physiques, de sorte qu’on ne se rende compte de la situation que trop tard. Et, même lorsque l’on s’en rend compte, la société n’intervient pas, parce que le monstre est respectable et qu’il a l’argent et le pouvoir. On comprend ses intentions.
La caméra est centrée sur les personnages et laisse peu de place au décor alentour, ce qui accentue la tension. La séquence où Murielle en voiture, pleure à l’écoute d’une chanson, est une vraie explosion de détresse brute. Le long gros plan sur son visage de trois-quarts est impressionnant. Emilie Dequenne est la détresse personnifiée ; Niels Arestrup excellent, comme toujours…