L’Olivier, 2013, 475 pages.
Le récit se présent comme une autobiographie partielle de Dell Parsons, à présent professeur de littérature à la retraite. Son existence a été brusquement infléchie par un événement particulier à l’adolescence : ses parents ont braqué une banque en août 1960, alors que sa sœur et lui avaient quinze ans. Le couple a été incarcéré. Les enfants, peu soucieux d’être envoyés à l’orphelinat, ont fugué chacun de leur côté, la fille avec un copain, tandis que Dell a profité de ce que sa mère avait préparé pour eux en cas de malheur : partir avec une infirmière de sa connaissance, et commencer une nouvelle vie au Canada…
Dell raconte longuement les circonstances du hold-up, se basant sur ses propres souvenirs, et la relation qu’en fit sa mère en prison.
Il cherche aussi à comprendre pourquoi ses parents agirent ainsi, d’où des pages de réflexions.
Son père Bev, il le décrit comme un homme du sud ( Alabama) militaire, mis très tôt à la retraite, débonnaire, hâbleur, peu instruit, irréfléchi, toujours lancé dans des combines douteuses. Sa mère, institutrice, rêvant d’écrire, et voulant pour ses enfants une bonne éducation et des études universitaires. Classes sociales, niveaux d’étude, caractères et aspirations très différents.
Lors des faits, ils vivent depuis quatre ans à Great Falls, Montana. Ils n’ont pas d’amis, et sont coupés définitivement de leur famille d’origine.
Bev Parsons le père, se retrouve piégé, lorsque son trafic tourne mal. Des créanciers les menacent de mort. C’est ainsi que l’idée du hold-up survient. Dell détaille par le menu la chose : la façon dont le couple organise et exécute le hold-up pourrait faire rire, tant c’est naïf et risqué, n’étaient les conséquences. L’aventure prend un tour surprenant lorsque Dell s’aperçoit que ses parents sont très heureux juste avant de faire cette folie. Enfin, ils ressemblent à un vrai couple !
Lorsque Dell part avec Mildred l’infirmière pour le Canada, une autre histoire commence. Dell va vivre près de Saskatchewan, une existence dure et aventureuse… comme terre à lui promise, le Canada doit se mériter.
Un roman écrit de façon très classique, intelligent, les différentes parties du récit sont bien alternées, la narration avec du suspense et de l’action, les descriptions soignées et suffisamment évocatrices , le rendu des ambiances et du vécu excellents dans l’ensemble, les réflexions sur les événements , intéressantes, et génératrice d’une éthique de vie très américaine à mon sens, très différente de la nôtre, mais pas dépourvue d’intérêt.
Pourtant, c’est un peu long, parfois répétitif, notamment ses aventures auprès d’Arthur Remlinger : il « tire à la ligne » dans cette partie, sans que ce soit mauvais pour autant !
On aimerait qu’il raconte un peu moins ce qui lui est arrivé et davantage la vie de sa sœur (à laquelle on ne comprend pas grand-chose).
C’est une lecture à laquelle j’ai pris plaisir, et je relirai sûrement Richard Ford.