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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 14:46

Grasset, 493 pages.

Nina et Samuel vivent une existence plutôt tristounette dans un studio à Clichy-sous-Bois. Lui, est travailleur social et elle mannequin pour Carrefour. Samuel écrit depuis longtemps et vise la grande édition. Ses manuscrits sont toujours refusés. Nina voudrait un enfant, elle frise la quarantaine, mais Samuel a toujours dit non. Enfant adopté, et deux fois orphelin, écrivain raté, il n’a plus envie de grand-chose.

Il y a vingt ans, étudiants ils vivaient déjà ensemble, lorsque leur ami commun Samir Tahar avait séduit Nina. Samuel l’avait regagnée suite à une tentative de suicide. Depuis, vingt ans se sont écoulés, et Samir a disparu de leurs vies.

Le couple tombe sur un reportage à la télévision : Samir est devenu un avocat réputé, et a épousé la fille d’un riche entrepreneur juif; il vit fastueusement à New-York. En outre, il ne s’appelle plus Samir… mais Samuel ! Et se prétend juif comme son ex-ami dont il a emprunté la biographie, ou du moins ses grandes lignes. En effet, Samir n’a obtenu son statut enviable, qu’au prix d’un mensonge sur ses origines. Sa vieille mère et son demi-frère maghrébins comme lui, vivent toujours dans la banlieue ouvrière dont il est issu, et nul ne sait leur existence, de même qu’ils ne connaissent pas la famille fondée par Samir aux Etats-Unis.

Samuel est jaloux et furieux contre son ex-ami, et Nina se souvient qu’elle l’a aimée… ils vont entrer en contact avec lui. Samuel veut s’assurer des sentiments de Nina à son égard, clarifier une situation depuis toujours bancale, et demander des comptes pour le vol de son identité.

La vie de ces trois personnages va changer complètement, suit à cette entrevue, et à d’autres péripéties. On se doute que Samir va devoir refaire face à ses origines…

C’est un récit qui coule comme un grand fleuve impétueux, bouillonnant, parfois majestueux, charriant une grande quantité d’alluvions. Abondance de phrases, d’adjectifs, de mots, ponctuation riche et marquée. Pour décrire une situation ou qualifier un élément, l’auteure emploie souvent plusieurs mots synonymes séparés par des tirets. Voilà qui instaure un certain rythme saccadé, violent. La narration se perd dans de longues digressions concernant la sexualité exubérante de Samir, les processus de naufrages lorsque les personnages ont tout perdu (ce qui leur arrive souvent) et les moments d’exaltation lorsque les mêmes sont follement heureux ou en tout cas bouleversés. C’est un récit cyclothymique (de nos jours on dit « bipolaire » je ne m’y habitue pas…) où l’on passe des sommets aux bas-fonds sans vraies transitions.

De nombreux personnages secondaires font de brèves apparitions et tous ont droit à de mini-biographies comme notes en bas de pages, ce qui m’a induite en erreur au début : j’ai eu l’impression qu’il y aurait un procès, et que ces notes avaient pour but de présenter les témoins qui viendraient à la barre !!

La colonne vertébrale qui tient le récit, c’est le personnage de Samir, dont le parcours et la personnalité intéressent et posent de vraies questions ; les autres ne sont que des faire-valoir ; le personnage de Nina m’a déçue, je l’aurai aimé plus consistant.

La fin est très bien.

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