L’Olivier, 300 pages
Dans la grande banlieue londonienne, à Arlington Park la pluie tombe sur plusieurs pages, violente, insistante, dense, drue, interminable. Cette pluie, c’est l’existence quotidienne de plusieurs femmes entre trente et quarante ans, deux à quatre enfants en bas âge, des maris très occupés ( deux d’entre elles sont seules mais cela ne change rien). Des femmes dont la journée se résume à s’occuper des enfants, faire la cuisine, voire un peu de ménage, une sortie dans un magasin en groupe, un ennui incommensurable.
Juliet Randal est enseignante à mi-temps dans un lycée privé de filles. Titulaire d’un doctorat, elle aurait aimé un poste à l’université, et se sent humiliée, révoltée de son travail actuel, et de ce destin de ménagère et mère dont elle ne tire guère de joie. Amanda a cessé de travailler pour s’occuper des enfants, elle était dirigeante d’une importante société, elle n’est plus rien, et se venge sur le ménage, astiquant sans relâche, est presque heureuse au volant de sa voiture (son véhicule, elle en est le maître…).Christine a fait un beau mariage inespéré, et sa vie est bien meilleure qu’avant. Pourtant, elle est frustrée, insatisfaite, comme les autres. Solly n’a de distraction que la femme à qui elle loue la chambre d’amis, femme qu’elle jalouse, dont elle fouille les tiroirs obsessionnellement. Maisie ne fait plus ni cuisine ni ménage, son mari s’en occupe en rentrant, et c’est lui qui couche les enfants. Elle va devenir folle, il comprend.
Elles se savent privilégiées, ont de jolies maisons avec jardins, pas de gros travaux à effectuer, de bons revenus (mais ce sont pour l’essentiel ceux de leurs maris…). Les maris sont relativement compréhensifs, il y en a un ou deux qui s’occupent de tâches ménagères. Elles se fréquentent mais ne sont pas amies. Lors des réunions, le café pris en commun, la virée au magasin de vêtements, elles ne se disent rien d'important. En fait, elles sont très seules...
Juliet est la plus remontée de toutes ces femmes, c'est normal, elle possède une culture que les autres n'ont pas.
Elle n’aime plus rien ni personne ! Son mariage l’a « assassinée ». Le vendredi soir au club de lecture qu’elle anime à la bibliothèque du Lycée, elle tente d’initier les élèves à la littérature. De bonnes élèves qui ne posent aucun problème de discipline. Pourtant, elles ne sont pas très futées, le chapitre relaté en témoigne.
A propos des Hauts de Hurlevent, Juliet dit que le pasteur, le père des sœurs Brontoë assassina son épouse Maria. Les dictionnaires n’en disent rien. Je me demande d’où elle tient cette information et si elle est avérée.
On se demande pourquoi ces femmes, qui vivent dans l’aisance matérielle, ne font pas garder leurs enfants, pendant qu’elles se livreraient à une occupation sérieuse et gratifiante, rémunérée ou non ? Qui a décidé qu’elles devraient rester à la maison toute la journée ? Leur train de vie les autoriserait à faire autrement. On ne sous dit pas comment cette morne existence a été décidée ni pourquoi. Des enfants que leur mère garde, si elle est excédée et malheureuse de ce destin, ne sont pas heureux non plus, et ce n’est donc pas une bonne idée.
Personnellement, lorsque mes enfants étaient jeunes, soit je travaillais, soit je faisais des études, souvent les deux ( sans avoir d' aisance matérielle).
C’est un roman à l’image des premières pages, avec la pluie qui tombe sans relâche et l’on est souvent tenté d’arrêter la lecture. Bien que cette écriture ait des qualités, sans être spécialement inventive.