Xavier-Marie Bonnot Premier homme
Actes-sud Noir,409 pages
Les calanques de Marseille, une grotte sous-marine. Un plongeur archéologue, trouve la mort en cherchant un pétroglyphe. Dérangé dans sa quête par une présence malveillante, paniqué, il remonte trop vite à la surface, est victime d’un accident de décompression.
Autrefois, la grotte Le Guen ( c’est breton ou marseillais ? ) était accessible à pied sec. Trois archéologues préhistoriens y faisaient déjà des fouilles et l’un d’entre eux avait trouvé une statuette d’homme à tête de cerf désignée aussi sous le nom de « dieu cornu »datant du Paléolithique supérieur.
Quarante ans plus tard, le fils d’un des préhistoriens, Thomas Autran vient de s’échapper de l’asile de Ville Evrard près de Paris. Il y était interné depuis dix ans. Atteint de sévère schizophrénie, meurtrier de femmes. Son délire le porte à vouloir vivre selon une éthique « préhistorique », être le premier homme, accomplissant des rituels sacrés (évidemment le meurtre y a sa part). Il partage sa folie avec le docteur Caillol , son psychiatre…
Michel de Palma, flic bientôt à la retraite, se lance à la poursuite de l’inquiétant individu, à qui il a déjà été confronté dix ans plus tôt.
Ce roman appartient à la catégorie des « polars érudits » nous livrant en plus des crimes et de l’enquête policière, une masse de renseignements sur un sujet précis, souvent il s’agit d’une civilisation ancienne. Le dernier Bonnot portait sur les coutumes des Papous de Nouvelle Guinée. On se souvient aussi du « Dernier Lapon »… d’Olivier Truc.
Ici, c’est le vécu des ancêtres de l'époque Cro-Magnon (ou Néandertal?) que l’on tente d’évoquer et leurs coutumes religieuses, le chamanisme en particulier. Mais ce n’est pas tout, car la psychiatrie s’en mêle, ainsi que la tragédie grecque. Le matériau historique et littéraire peut enrichir avec profit le propos d’un polar, si ce contenu est utilisé de façon subtile. Ici Je ne trouve pas cela très fin. Les personnages de Thomas et sa sœur sont trop héroïques à mon goût, trop chargés de sentiments forts et d’actes sublimes et horrifiques… tout en ayant gardé des attitudes de gamins !
Je n’arrive pas trop à prendre au sérieux ce schizophrène qui brandit une hache en criant « voici le signe ! premier homme… » ; D’autant plus qu’on nous le décrit comme invincible, puissant, séduisant, d’une intelligence rare, j’en passe et des meilleures !!
De même les personnages secondaires sont trop « cliché »comme par exemple le psychiatre fou, la maman pervertie et séduite, et l’ensemble prend un tour manichéen que je n’avais pas remarqué dans le précédent roman de cet auteur. Cela reste du bon polar, correctement structuré.
Blanche-Neige doit mourir Nele Neuhaus
titre original : Schneewittchen muss sterben
Actes sud, Noir 2012, 397 pages
Quelque part du côté de Francfort, dans le Taunus, un village du nom d’Altenhain. Tobias sort de prison. Onze ans plus tôt, il fut accusé du meurtre de deux jeunes filles son amie d’alors, et son ex-amie. Rien que ça ! On n’a pas retrouvé les corps, mais des indices sérieux et des témoins à charge l’ont mené à cette longue peine. Lui n’a aucun souvenir de cette nuit de beuverie…
De retour dans son village natal, il doit faire face à de nouveaux problèmes. Son père, ruiné par un concurrent et le manque de clients, a dû abandonner son restaurant. Les habitants du village ne veulent pas du retour de « l’assassin » et semblent décidés à le chasser.
Il bénéficie d’un soutien féminin : Nadja ancienne copine d’école devenue actrice ; Amélie très jeune fille, curieuse et volontaire, serveuse au nouveau bar « Du cheval noir ».
On a trouvé un squelette de jeune fille dans un endroit improbable. La police revient sur l’affaire, à savoir le commissaire Bodenstein et son adjointe Pia.
Dans le premier tiers du livre, environ 130 pages, on suit avec plaisir une histoire dont on attendait peu de chose au vu de son titre. La lutte du renégat et de ses rares amies, l’effort de Pia pour comprendre ce qui s’est passé onze ans auparavant. Au deuxième tiers, l’affaire suit son cours, et le lecteur comprend ce qui s’est passé et aussi, c’est bien dommage, comment tout cela va évoluer.
De sorte qu’il ne reste plus guère de surprise à la page 270 environ, mais 150 pages bien tassées sont encore à venir !! On achève péniblement.
N’étant plus pris par l’intrigue, on remarque les défauts : beaucoup trop de personnages se font violemment tabasser, tombent de haut, se prennent des balles en pleine poitrine, et recouvrent la santé étonnamment vite ! Des personnages qui au départ, semblaient intelligents, deviennent naïfs comme des enfants et se laissent prendre à des pièges vraiment faciles à éviter. Le style est relâché, d’une oralité peu travaillée.
Louise Penny Le Mois le plus cruel
Actes-sud Noir, 2011
L’action se déroule au Québec, dans le petit village de Three Pines, loin de toute grande ville, au cœur de la nature. Olivier et Gabri y tiennent un gîte rural, très confortable où l’on mange vraiment bien, et rien que des plats hypercaloriques. Pas étonnant que des pilules pour maigrir circulent dans plusieurs endroits du village.
Le soir du Vendredi Saint, fin avril, un petit groupe de villageois se réunissent au gîte rural pour une séance de spiritisme. Les habitants sont très superstitieux, ils croient pêle-mêle, aux prédications de la Bible, à la magie, aux fantômes, certains d’entre eux cultivent un penchant réel pour l’animisme. Gabri le sait bien qui a invité une magicienne Yvette pour entrer en contact avec les esprits.
Cette séance sera suivie d’une autre qui va se dérouler dans la maison maudite des Hadley là-haut sur la colline. Au cours de cette seconde séance, il y aura un mort.
Madeleine est-elle morte de peur, comme le croient les villageois ou est-ce un meurtre comme le pense Armand Gamache l’enquêteur dépêché sur les lieux.
Il y a souvent des meurtres à Three Pines, car ce n’est pas la première fois qu’Armand va enquêter là-bas. Ce village est tout aussi craignos que le St Mary Mead de miss Marple. Armand Gamache est tout aussi infaillible et il a la même habitude qu'Hercule Poirot de réunir tous les suspects en fin de roman pour désigner le coupable, après un speech réussi. On peut le prendre pour un roman à énigme, si on n'a pas lu les précédents opus de l'auteur.Bien des suspects seraient alors écartés, si j'ai bien compris...
L’histoire vaut pour la façon dont est dépeinte la vie des habitants de ce petit village. C’est assez pittoresque. Un bûcheron parle avec les arbres, une vieille dame ramasse des œufs d’oies pour les faire éclore dans son four, et adopter ces petits. Faut-il qu’elle se sente seule ! Un couple de peintres qui s'aiment et se jalousent, des femmes qui font de la poésie champêtre... Bref c'est pas mal, mais ces gens sont un peu trop naïfs à mon goût.
S'il fallait n'en lire qu'un, lequel choisir? Je n'en sais rien, ils se valent ( pas mal, avec des défauts qu'on excuse facilement) cela dépend du genre d'atmosphère que vous préférez.