Phébus, 1999. 234 pages. (Death in Summer, 1998.)
Quincunx : une grande propriété dans la campagne anglaise, où l'on vit dans une opulence discrète. Thaddeus Davenant vient de perdre sa femme victime d’un accident de vélo. Elle laisse une petite fille de quatre mois Georgina. On reçoit plusieurs jeunes filles pour un poste de baby-sitter à domicile. Pettie fait partie des concurrentes. C’est une orpheline, qui n’a plus de quoi payer sa chambre à Londres. Aucune jeune fille n’aura le poste, car Mrs Iveson, la belle-mère, tient beaucoup à s’occuper de sa petite fille, maintenant qu’elle a perdu Leticia. Mais Pettie ne s’en remet pas. Elle se croit amoureuse du maître de maison.
Son ami Albert, orphelin lui aussi, tente de la raisonner. Albert est considéré comme débile léger. Mais de tous les jeunes qui ont souffert à l’orphelinat, c’est lui le plus raisonnable, lui qui s’en tire le mieux. Pettie n’écoute pas ses conseils ; elle retourne rôder vers la propriété…
Un roman intéressant, avec pas mal de non-dits, concernant les intentions et les pensées des personnages. Une action qui s’installe doucement. Les réminiscences de Thaddeus sur son enfance, sa mère notamment, dévoilent un homme mal détaché du passé, devant faire face à un deuil au moment où tardivement, il prenait plaisir à être époux et père. Le personnage de Leticia l’épouse décédée reste assez énigmatique. La belle-mère est surprenante. En dépit d’une lenteur assez pesante,au début, le récit se révèle d’une grande justesse. Le choc de l’orpheline pauvre et sans repères, reçue par un homme aimable, dans une magnifique propriété, la vision du bébé, tout cela qui exaspère sa détresse, et précipite son malheur, est bien rendu et serre le cœur. Le drame vécu par Mrs Iveson et Thaddeus prend à la gorge. William Trevor sait fort bien installer des ambiances diversifiées, nous mener sans crier gare vers la tragédie, et brosse des portraits de personnages attachants. Les petits rôles,assez nombreux, sont très bien aussi.