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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 18:20

Il y a bien des façons d’être en échec et bien des choses à perdre dans ce recueil : ses illusions par exemple, l’amour de l’autre, mais aussi bien souvent la vie.

Voici donc 11 nouvelles éditées en 1977, sous le titre « Alguien que anda por ahi » éditées par Gallimard en français " Façons de perdre".

Le titre espagnol est celui de l’avant-dernière nouvelle du recueil ; Jiménez un exilé de la révolution cubaine, y retourne clandestinement pour perpétrer un acte terroriste. En attendant de s’y livrer il écoute avec nostalgie une pianiste dans un motel en compagnie d’un étranger…

Cette nouvelle appartient à une thématique politique, et fantastique en même temps.

Une autre nouvelle politique, célèbre, « la Deuxième fois » met en scène des citoyens de Buenos Aires convoqués dans un bureau administratif sans savoir pourquoi ; ils remplissent des quantités de formulaires et doivent revenir trois jours plus tard… court, sec, et d’une ironie terrible ( car le point de vue des employés du bureau recoupe celui des convoqués notamment une jeune femme intriguée et vaguement effrayée) le récit se réfère aux victimes des « disparitions forcées » de la dictature militaire en Argentine.

« L’Apocalypse de Solentiname « reprend le thème de « les fils de la vierge » : un photographe développe ses clichés et y voit autre chose que ce qu’il a cru avoir fixé dans l’objectif : dans ce cas, des exactions commises par la Junte militaire. « Le soir de Napoles » raconte un match de boxe vu par un spectateur, en fait un terroriste qui doit pendant le spectacle, remettre des documents compromettants à un autre membre de son groupe. A travers son ressenti du match et les commentaires sibyllins de l’autre, on entrevoit une sinistre réalité…

La seconde thématique du recueil est consacrée aux échecs de la vie de couple : « Nouvelle visite à Venise » : A Rome, Valentina a sympathisé avec une autre touriste, et s’est trouvé un amour de vacances : mais ces deux individus épris d’elle, la femme et l’homme, la poursuivent à Venise, et ne veulent plus la lâcher. « Eclairage » met en scène un homme et une femme qui s’éprennent l’un de l’autre sans s’être vus, et s’étant rencontrés dans la vraie vie, ne peuvent renoncer à l’image virtuelle qu’ils avaient l’un de l’autre. « Vents Alizés » parle d’un couple fatigué de la routine qu’implique leur vie à deux. Ils tentent de se rencontrer à nouveau comme s’ils ne se connaissaient pas…

Deux autre nouvelles sont intéressantes : « Vous êtes allongée à ses côtés « met en scène une femme encore jeune et son fils de quinze ans qui entretiennent des relations ambigües quasi-incestueuses : l’auteur utilise le procédé de mélanger les points de vue de l’adolescent et de la mère à tel point que ceux-ci changent plusieurs fois dans la même phrase comme ci les deux protagonistes étaient entortillés dans un fil. « Au nom de Boby » c’est un petit garçon qui a deux mamans : la sienne et sa tante qui vit avec eux. Le petit garçon souffre de cauchemars; sa tante s’en inquiète, tout en profitant de la situation…

Deux autres nouvelles ne m’ont laissé aucun souvenir.

L’ensemble est globalement bon. Ce qui est remarquable dans ces nouvelles, c’est la sobriété elliptique des récits et l’ambiguïté des chutes qui peuvent être comprises de façons diverses. Ce recueil est à lire pour découvrir Cortázar nouvelliste, au même titre que « Tous les feux le feu « et « Fin d’un jeu ».

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