Fayard, 274 pages.
Jonathan, Mina et leur fils Romain dix ans vivent prés du canal du Berry, au lieu-dit « l’Ecluse de Rhimbé », une maison qu’ils ont rénovée en partie eux-mêmes depuis dix ans qu’ils ont quitté la région parisienne. Jonathan est à présent apiculteur et Mina guide touristique pour un château des environs. Ils vivent loin de la société de consommation. La jeune femme s’ennuie un peu.
Voilà qu’un voisin vient se présenter à eux : Vladimir ; il a acheté « l’Ecluse de Presle « une autre vieille masure à rénover. Il a de la thune, et embauche une flopée d’ouvriers qui travaillent vite avec d’excellents matériaux. Ce voisin fortuné se montre vite très familier, voir un peu envahissant. Il fait beaucoup de cadeaux à ces gens qu’il connaît à peine et dont il ne partage pas les goûts. Puis voilà qu’il achète une voiture de même marque que ses voisins, de même couleur, mais neuve et bien plus performante….
Au début le récit peut évoquer le film de Dominik Moll « Harry, un ami qui vous veut du bien ». Mais ce n’est pas du tout la même histoire ! Le récit va bientôt flirter avec le fantastique : Vladimir est un étrange personnage : il vit la nuit, et le jour médite dans l’obscurité, ne mange presque rien, a un regard fixe, inquiétant, semble à peine humain en dépit de son hospitalité ostensible. Nous le savons tout de suite malveillant, mais vers quoi s’oriente-t-on ? On va trouver curieux que les victimes choisies par ce Vladimir s’appellent Jonathan et Mina. Cela nous rappelle quelque chose… ( le couple qui doit affronter le comte Dracula, dans le roman de Bram Stoker).
L’auteur observe le plus souvent un ton résolument ironique vis-vis de ses personnages, mais à d’autres moments il nous fait redescendre à leurs niveaux et on les plaint.
L’écriture est distribuée équitablement entre des dialogues bien amenés, un récit alerte, des monologues vifs, colorés, délirants. A ce propos, plusieurs poèmes de Rimbaud sont utilisés de façon visible. Plutôt bien maîtrisée, cette écriture se révèle pourtant assez surfaite. La pirouette finale est réjouissante. Evidemment, on se dit que cette histoire est peu crédible, si on la ressent comme réaliste. Mais il faut sans doute la lire comme une sorte de fable…
Un récit qui a beaucoup de qualités et que je ne suis pourtant pas sûre d’avoir aimé…