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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 22:23
Alice Munro Rien que la vie ****+

L’Olivier octobre 2014, 313 pages.

Titre original :Dear Life 2012

Nous avons là une quinzaine de nouvelles courtes d’Alice Munro qu’on ne cesse de comparer à Tchekhov depuis qu’elle a obtenu le Nobel.

L’auteur décrit la vie de quelques personnages, leur vie quotidienne et une portion importante de leur vie tout court, avec les faits importants qui en ont infléchi le cours. Souvent il ne se passe rien au sens d’un événement romanesque, et pourtant les récits fourmillent d’aventures et de rebondissements. L’auteur se plaît à mettre en place des situations frustrantes: dans Admunssen ; la jeune institutrice qui trouve un poste dans un sanatorium, n’a pas le droit d’enseigner vraiment. Elle s’applique à éprouver de l’amour pour le médecin, car elle s’ennuie : pas de romance évidemment, et pas de vrais regrets. Sauf pour l’admirable paysage… Un autre personnage de ce sanatorium, une lycéenne enthousiaste et pleine de ressources dans cet univers triste et austère, reste une énigme : comment s’y prend-elle pour être heureuse ?

J’ai aimé particulièrement la nouvelle « Train » : un soldat qui revient du front, saute du train trente kilomètres avant sa destination, lorsque l’engin ralentit suffisamment. Nous restons à ignorer longtemps (presque jusqu’au terme du récit !)pourquoi il ne voulait pas aller jusqu’au bout ; pendant ce temps Jackson vivra sa vie : rencontre fortuite d’une vache dynamique, d’une fermière enjouée, vivant dans le passé, et dans des conditions vétuste, avec qui il s’établit, puis les circonstances qui lui font aller en ville…

Dans « Corrie » un couple illégitime est victime de chantage de la part d’une domestique. Sur ce thème vraiment classique, l’auteur a brodé quelque chose d’original. Il y a aussi des situations vraiment dramatiques comme dans « La Gravière » : deux fillettes et leur chien, un couple désuni, le ressentiment de la cadette envers une aînée trop entreprenante cette hyperactivité masquant son désarroi.

Dans « Vue sur le lac » on ne devine pas tout de suite ce que signifie l’errance de la narratrice qui cherche dans une ville inconnue un médecin apparemment introuvable. Ce récit est d’une féroce ironie. L’ironie est présente dans la plupart des récits , plus ou moins appuyée. Le titre anglais « Dear Life » est également ironique, ce que ne dit pas le titre français.

Un recueil qui m’a bien plu dans l’ensemble. L’auteur nous présente les quatre dernières nouvelles comme plus autobiographiques que les précédentes « je crois qu’elles sont les premières et dernières choses- et aussi les plus proches-que j’aie à dire de ma propre vie ». Elles sont centrées sur l’expérience du deuil, notamment celui de la jeune servante à qui la narratrice était fort attachée, victime d’un accident mortel. La fillette appréhende de voir un corps mort , son premier mort, et finalement n’éprouve pas du tout ce à quoi elle s’attendait…précisément, c’est là une des jouissances offertes par ce recueil : on est toujours surpris !

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