En hommage à Ruth Rendell, décédée il y a quelque jours, je me suis plongée dans l'un des deux romans d'elle que je n'avais pas lus et qui reposaient dans ma PAL...
Editions des Deux-Terres, 370 pages , 2006.
Titre original : Water’s Lovely ( « l’eau est bien bonne » : ce qu’on dit aux autres lorsqu’on va se baigner dans la mer , qu’elle soit vraiment bonne, ou au contraire glacée.) On aurait dû garder ce titre en français.
...Il s’agit en fait d’une baignoire. Il y a douze ans de cela, Le beau-père d’Ismay, s’est noyé dans son bain. Sa mère et elle revenaient d’une course en ville, et ont trouvé Heather la sœur d’Ismay toute mouillée descendant de la salle d’eau au premier étage. Ismay a toujours pensé que sa sœur (alors âgée de 13 ans ) était impliquée dans ce décès. Sa mère et elle lui ont fourni un alibi.
A présent, Ismay revient dans la maison de son enfance. Elle a achevé ses études, et commencé un job de représentante commerciale. La salle de bain a disparu, remplacée par une nouvelle chambre.
Sa mère, devenue folle à délirer sans retour de conscience, vit à l’étage avec sa sœur Pamela qui veille sur elle. Ismay vivra au ré de chaussée avec Heather.
Bien que les deux sœurs aient un emploi, elles ne quittent pas la maison familiale. Elles se mettent à fréquenter chacune un homme. Pour Ismay ce sera Andrew, un jeune avocat, superficiel, volage, et snob. Pour Heather ce sera Edmund, un homme de 35 ans, qui peine à se détacher de son horripilante mère hypocondriaque….
Les deux sœurs vouent un amour inconditionnel à leurs partenaires respectifs. On en vient à préférer les rôles secondaires : par exemple, le personnage de Marion m’a beaucoup amusée : une femme qui vit d’expédients, de vols, tente de se faire coucher sur le testament de certaines personnes, et n’arrive pas à assassiner ses employeuses ! L’expérience désastreuse de Pamela avec les rencontres genre « speed-dating » n’est pas mal non plus. La mère d’Edmund est un bon personnage aussi.
J’ai tout de même bien aimé le cas de conscience d’Ismay, qui ne cesse de repenser à cet après-midi fatal et au rôle joué par sa sœur...
Il s’agit en fait, de familles dont les membres ont peine à se détacher les uns des autres, pour vivre leurs vies. Et quant ils le font, ils sont pathologiquement entichés de leurs partenaires. Le sujet est traité avec pas mal d’inventivité, le suspense est au rendez-vous, certains passages sont franchement comiques, l'ensemble est une bonne comédie de mœurs.