POL, 2015, 189 pages
Un jeune homme, Kevin H. est complexé par son prénom qui semble-t-il est synonyme de médiocrité, basse extraction sociale, QI faible…
Il a tout de même réussi à être commercial et à vendre de l’espace publicitaire à la Radio. Il n’aime pas ses collègues animateurs, qui se prennent pour des gens intellectuels et cultivés et sont en fait prétentieux cupides et vulgaires. Ses collègues le méprisent et le tiennent pour la dernière roue du carrosse.
Kevin, au Salon du Livre se fait passer pour un lecteur de manuscrits appartenant à « la grande Maison ». Il feint de s’intéresser au texte de François –René Pradel, auteur publié dans des maisons honorables, mais n’obtenant qu’un succès d’estime. Bien sût Kevin se trouve un autre nom : Alexandre Janus-Smith. Janus parce qu’il a deux têtes, Alexandre parce que c’est tout un empire, Smith pour le contraste et le trait d’union. Très bon pseudo ! Belle faconde aussi, car Pradel le prend au sérieux. A travers une série d’échanges de mails, il parvient à lui faire croire que le comité de lecture de la Grande Maison s’intéresse à son texte et veut le lancer ! Bien sûr le poisson ferré Janus –Smith disparaît…
Pradel n’est pas sa première victime.
Mais ce nouveau succès, va donner à Kevin du fil à retordre …
Nous avons là une énième satire féroce des milieux de l’édition, et de la radio. L’auteur recherche la formule qui gifle, la métaphore rare, l’énoncé brillant ; la première partie m’a plu.
Pourtant, vers la page 70 (bien avant la 99, donc…) j’ai commencé à m’irriter des nombreux effets de manche que recèle le texte. Non que ce soit de l’humour facile… les phrases je l’ai dit sont plutôt recherchées et témoignent d’un vrai travail de style. Mais cette histoire sombre dans la dérision totale, et à cultiver la dérision, on peut tomber dans le dérisoire. Le fait est que rien n’est à sauver dans ce monde-là ! Tous pourris, tous vains, Kevin y compris. Le seul personnage que l’auteur semble apprécier c’est la maman de Charlotte. Pourtant ce personnage frise la caricature à cause de la surcharge stylistique.