2013 diffusé sur Arte
Lac de Ste Croix, dans le Var ( non loin des gorges du Verdon, mais ici ce paysage somptueux ne joue aucun rôle…) le cinéaste a filmé le lac et ses rives de sable et cailloux, le sous-bois, avec son parking : de ce paysage assez ordinaire, il tire de magnifiques effets : la lumière du petit matin au crépuscule, l’obscurité, l’eau, le vent…
Il s’agit d’une rive du lac avec un sous-bois à l’arrière ; cet endroit est fréquenté par des homosexuels qui cherchent à draguer.
Le « héros « s’appelle Frank ; il a 25-30 ans ; le film s’ouvre sur le parking du lac ( c’est un plan fixe qui va se répéter sept fois) ; on y verra toujours des voitures garées sauf une fois, il sera vide. Cela me rappelle le plan fixe du film d’Hanecke « Caché ». Il montrait plusieurs fois la maison du couple « traqué », à intervalles réguliers ; cela produit un effet d’inquiétude et d’étrangeté.
Le film est donc divisé en 7 chapitres correspondant chacun à un jour de semaine. Le premier jours Frank tente de draguer Michel ( en fait on ne connaîtra son nom que plus tard…) qu’il a déjà repéré et qui lui plaît. Michel est en compagnie d’un autre homme ; pendant que Michel s’envoie en l’air dans un fourré du sous-bois, il fait de l’œil à Frank non loin.
En fait Frank va rencontrer Henri : c’est un homme plus âgé ( 40 ans environ) en surpoids, assis sur la plage à ne rien faire ; il explique à Frank qu’autrefois il avait une femme, et allait sur la rive d’en face « réservée aux familles » ; maintenant il est séparé d’elle et seul. Cherche-il une aventure homo ? Non les hommes ne l’attirent pas spécialement ; bien qu’il ait déjà eu ce type d’expérience. Henri est bûcheron (pour ce métier, il a cependant les membres bien flasques…) et Frank n’a plus de travail, autrefois il a vendu des primeurs sur les marchés. Ils sympathisent platoniquement.
On ne cherche pas à montrer la beauté : Frank et Michel sont jeunes et donc encore minces, avenants sans être spécialement beaux ; Henri est de son âge, en surpoids, et lorsqu’il se lève un peu péniblement, son large slip pendouille ; l’un des dragueurs à l’air un peu emprunté, (voire ridicule, s’il ne rigolait pas en douce…) se masturbe en regardant des types s’accoupler ; il ne se cache pas. Se fait engueuler par certains mais Frank le défend.
Au crépuscule, on voit ( et Frank aussi, qui a fait des rencontres dans le sous-bois et est resté tard dans le coin) Michel nager avec son ami et lui maintenir la tête sous l’eau plusieurs fois jusqu’à ce qu’il ne reparaisse plus.
le paradis se révèle très vite scène de crime!
Et pourtant, Frank continue à rechercher Michel et ne confie à personne ce qu’il a vu...
le climat d'anxiété est maintenu jusqu'au bout et même au-delà . l'action est assez lente, on ressent quelque chose de contemplatif. En dépit de scènes explicites et de la crainte de nouveaux drames, les jeux des personnages sont retenus; l'essentiel reste suggéré.