Grasset, 495 pages.
L’auteur imagine que Roland Barthes renversé par une camionnette et victime d’un traumatisme crânien qui lui fut fatal, a été victime d’un assassinat plutôt que d’un accident. Les conducteurs l’auraient heurté intentionnellement, et un individu de l’hôpital ( peut-être une infirmière ?)L’aurait achevé. Et pourquoi donc ? Il détenait un document important. Un document qui explique comment faire pour persuader d’une manière infaillible n’importe quel auditoire de faire n’importe quoi.
Vraiment ? Une telle recette peut-elle exister ? Non, bien sûr ! (Sauf dans la science fiction, on entre dans la pensée des gens par télépathie etc. vous avez lu des trucs de ce genre…)
Tout le monde le sait ! Le langage nous entraîne où il veut, et l’on n’a sur lui que peu de prises. Bien sûr on peut s’entraîner à l’art de persuader, au sophisme, et obtenir de brillants résultats dans les joutes oratoires… et on en lira quelques unes dans ce roman, qui tient de la satire ( bien lourde caricature de quelques intellectuels ) de la série policière, du roman d’aventure.
Bref un policier Bayard et un étudiant en sémiologie Simon mènent l’enquête. Simon est une sorte de Sherlock Holmes qui à observer les gens déduit immédiatement leur passé leur profession leur situation de famille leur niveau de vie etc.…
Ce roman grouille de clichés et cela saute aux yeux dès la première phrase : « la vie n’est pas un roman. C’est du moins ce que vous voudriez croire. Roland Barthes remonte la rue de Bièvre. Le plus grand critique littéraire du XXème siècle a toutes les raisons d’être angoissé au dernier degré. Sa mère est morte avec qui il entretenait des rapports très proustiens. «
Pourquoi ne pas dire simplement qu’il était très attaché à sa mère ? L’adjectif « proustien » est tellement tarte à la crème que cela me fait tiquer.
Personnellement je n’ai pas réussi à croire à cette histoire, je suis restée en dehors presque tout le temps. La façon dont l’auteur caricature Sollers, Kristeva, Foucauld, et Henri-Lévy est tellement appuyée que l’effet en est raté : je n’ai même pas souri ! Il y a beaucoup de pages où l’on subit les ébats sexuels extrêmement vulgaires de plusieurs personnages saisis du démon de midi-minuit, dans n’importe quelle position et dans les endroits les plus attendus comme les plus improbables un sauna, une photocopieuse, un cimetière, et que sais-je encore …
Seules m’ont plu les pages italiennes, notamment celles consacrées au carnaval de Venise, à certaine reconstitutions historiques, et dans une certaine mesure les joutes oratoires du club du Logos encore que les châtiments infligés aux perdants sont limite débiles !