le témoignage de Suzanne Langlois, déportée à l’âge de vingt ans à Ravensbrück comme prisonnière politique ; elle servait dans la résistance comme toute sa famille. Ils sont trahis et déportés. Elle est enceinte d’un autre résistant, elle n’a pas eu le temps de le connaître.
Nous sommes en 1944 et elle en réchappera en 1945 au printemps avec son bébé, pas celui qu’elle a mis au monde, mais un autre de la Kinderzimmer, un autre dont la mère n’a pas survécu. Les bébés ne survivent pas au-delà de trois mois, elle perd le sien et s’occupe de l’autre orphelin un peu plus jeune, libéré avec elle un peu plus tôt…
Il y a aussi les conditions de vie au camp, très bien décrite (comme dans Une forêt d’arbre creux, moins poétique, mais tout aussi pertinent langage) , le travail, la crasse, la faim, les persécutions, la dysenterie, la mort qui rôde tout le temps, des choses qui font tenir ( la vue d’un lac, une araignée tissant sa toile, une chanson espagnole fredonnée jour après jour, des propos tenus par d’autres déportées) et malgré tout, cette interrogation, comment a-t-elle fait pour tenir bon ?
Un très bon document consacré à cette période si épouvantable, et aux camps sur lesquels certains disent qu'on ne devrait pas en parler en parler sous la forme d'un roman. Ici Il n'y a rien de romancé.