Albin Michel ( spécial-suspense) 407 pages.
Au début des années 90, la politique de l’enfant unique, fait des ravages en Chine, notamment dans les campagnes. Les familles contraintes à l’enfant unique ne veulent pas d’une fille, qui selon la tradition doit aller vivre chez ses beaux-parents après le mariage, et ne sert plus sa famille.
Au village de Mou Di, on ne s’embarrasse pas de principes ; Li li Dai vient d’accoucher une troisième fois d’une fille ; sa belle-mère la tue froidement comme les précédentes. Sun est enceinte de son deuxième ; sa fillette vit toujours, protégée par le moine du Temple qui l’instruit à sa manière. Mais l’enfant n’est pas déclarée. Le père, Lu Pan, joueur invétéré, doit de l’argent à de drôles de types.
Les villageois souffrent d’une grande pauvreté, et travaillent du matin au soir dans les rizières, ce qui explique au moins en partie leur absence de morale.
Cependant Sun est très attachée à Chi Ni ; elle quitte le village pour partir à sa recherche aidée par le moine Yao Shi, son fidèle allié.
Trente ans plus tard, une jeune étudiante française en sinologie, Lina, se rend à Canton pour parfaire son étude du chinois. Elle est contactée par Thomas qui travaille pour une ONG. On enquête sur les disparitions d’enfants dans une Chine en pleine mutation, prête à autoriser deux enfants par famille. Beaucoup de fillettes ont disparu, vendues pour des usages très divers, d’autres vivent clandestinement, sans état civil.
Lina accepte d’enquêter sur la disparition de Sun, qui avait découvert un secret, et s’installe dans le monastère du village de Di Mou.
Le village n’a guère changé depuis 1991 : la pauvreté y sévit toujours, les méthodes de culture sont pareillement archaïques. La seule nouveauté semble être l’existence de postes de télévisions…
La présence de Lina et ses questions vont provoquer d’importantes perturbations.
A vrai dire, le secret de Sun n’en était un pour personne au village… et pas davantage pour l’orphelinat que Lina visite en ville, et dont la directrice tente de subvenir aux besoins de nombreux enfants abandonnés.
Nous suivons en parallèle les événements de 1991, la quête éperdue de Sun pour retrouver sa fille, et celle de Lina en 2013, pour clarifier cette affaire. Le récit est mouvementé, bouleversant, met l’accent sur la corruption et les pulsions meurtrières à tous les niveaux, au détriment du sexe féminin.
Après cette lecture, on est obligé de se dire qu’il eût mieux valu que Lina et Thomas ne se mêlent de rien, car ils ne font qu’aggraver les choses…ne vous inquiétez pas, il y a tout de même des méchants punis, mais à quel prix.
L’écriture est efficace, le récit bien enlevé, les personnages évitent de peu la caricature. J’ai remarqué des choses étonnantes : pratiquer une césarienne avec un canif, c’est possible ?
Merci à Aurore Pelliet et aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre.