Stock, 2016, 537 pages.
Thomas , informaticien spécialisé dans la conception de logiciels de contrôle et surveillance ;ce soir il attend sa femme, Camille, également informaticienne. Il a préparé un repas pour les diex ans de vie commune ( elle n’aime pas dire « mariage ») , mais ne sait si elle va pourvoir venir car elle est de plus en plus prise par son travail. En fait, elle ne viendra pas car elle a eu un grave accident de voiture, sur une route départementale en Normandie, où elle n’avait aucune raison de se trouver. A partir de cette tragédie, Thomas va devoir affronter les abysses du désespoir ; pour lutter contre l’affliction il enquête de façon pragmatique: connaître la cause de l’accident, et où sa femme allait ce soir là. Étude sérieuse, l’ordinateur de bord du véhicule, les objets du sac de Camille, le contenu du coffre, les demandes aux amis qu’elle avait ( et qu’il ne connaissait pas). Sa quête va également le mener vers son frère aîné éleveur de moutons dans les Pyrénées ; plus tard sa sœur qui gère une ONG au Cameroun… son job aussi il va devoir le réévaluer, ses rapports avec ses deux enfants…
Suite : le Moleskine. L’auteur utilise presque exclusivement le présent de narration, et les dialogues sans guillemets, très vivants, pour instiller un sentiment d’urgence, exprimer les déplacements permanents de Thomas, dans ses pensées (retour dans le passé, cauchemars, sensations de perte et d’effroi) et dans la réalité ( il est toujours en mouvement, à pieds en voiture , en taxi, en tacots brinquebalants, escalade des montagnes des escaliers…) . Tout cela s’intègre à merveille dans le flux narratif, bourré de virgules, ce qui le rend à la fois souple et violent. J’ai apprécié aussi les descriptions précises et toujours significatives de lieux auxquels on ne prête que peu d’attention d’ordinaire : des défilements de bâtiments dans des zones industrielles, des terrains vagues, des bords de route, des entrées d’immeubles etc.… traités aussi noblement que les paysages de montagne, et l’église abbatiale de Rouen. De toute façon la variété de lieux décrits à de quoi éblouir ! Je n’ai rien dit du Cameroun, pour la troisième partie, et c’est tout aussi impressionnant. En dépit des épreuves traversées, une fin plutôt optimiste.
Un très bon roman dit « de la rentrée » .
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