Laffont (Pavillons) 2010, 258 pages.
1ere publication 1976.
Par l’auteur de la Fenêtre panoramique, ce roman tout aussi bon, et nettement moins connu.
C’est l’histoire d’Emily Grimes, née en 1935, du côté de NY, de parents divorcés, avec une sœur de 4 ans son aînée, Sarah.
Leur mère, Pookie, un peu fofolle, et changeant tout le temps de job, déménage tous les ans, et elles voient leur père 3 ou 4 fois l’an. Celui-ci est préparateur de copie pour le journal Sun. Le roman débute par une visite à l’imprimerie du Sun, destinée à montrer aux filles à quel point leur père est un personnage important…mais seule Sarah est vraiment subjuguée...
Emily se rend compte en grandissant, qu’il n’est pas vraiment journaliste et que le Sun est un journal médiocre. Leur mère, elle va comprendre à l’adolescence qu’elle n’a plus grand-chose à lui dire.
Sa sœur Sarah se fiance avec un de leur voisin, Tony, qui « ressemble à Laurence Olivier ». Sarah et lui ont été photographiés et très admirés pour la parade de Pâques, mais les désillusions viennent vite…
Emily d’abord envieuse, découvre assez vite, que Tony n’a pas fréquenté une public School anglaise, comme il s’en vante, qu’il n’est « pas tout à fait ingénieur » ( en fait, il est simple mécanicien…) et que s’il a l’air de présenter bien, il est en fait très mal élevé, et pire, va se révéler violent et de tendance alcoolique…
C’est une grande partie de la vie d’Emily, que retrace le récit, une fille pas vraiment comme les autres, puisqu’elle va obtenir un diplôme universitaire, travailler pour son indépendance, et choisir les liaisons amoureuses plutôt que le mariage, dans lequel s'embourbe sa soeur.
En dépit de son esprit rationnel, elle va endurer de nombreuses désillusions, concernant les gens de sa famille et ceux qu’elle va fréquenter. Plus que des désillusions, d’ailleurs, un vrai désespoir !
Mais cela reste tout à fait vraisemblable. Easter Parade est écrit simplement de façon très réaliste, récit admirablement conduit, et vraiment lucide. On décrit la difficulté des femmes à s’épanouir, à exister au milieu du 20 eme siècle aux Etats Unis. C'est aussi un tableau de société où, derrière les apparences parfois flatteuses, se dissimulent la misère morale et intellectuelle.