Denoël (Sueurs froides), 334 pages.
C’est l’histoire de plusieurs femmes qui se retrouvent un jour ou l’autre sans-abri, et parquées de force par « les autorités » dans un cimetière de voitures « la Casse » ; le gouvernement a décidé qu’aucun sans-abri n’errerait dans le pays, et n’a trouvé mieux que de les enfermer dans cette sorte de bidonville : la Casse. Surveillés par des gardiens armés et autorisés à en découdre.
Chaque entrant se voit attribuer un véhicule accidenté dans lequel il va loger ; pour se nourrir, il faudra travailler dans les champs, ou, comme Ada, la vieille Afghane qui est là depuis longtemps, s’occuper des malades à l’aide de ses potions préparées avec des herbes. Elle a un statut à part, considérée un peu comme une magicienne. Plusieurs jeunes femmes vivent autour d’elle comme une sorte de communauté. La dernière venue c’est Moe, une jeune femme venue des îles, qui a suivi Rodolphe promesse d’une vie meilleure. Mais cette vie fut pire, et Moe finit à la Casse avec son bébé.
Malgré la sympathie et l’entraide des autres femmes, Moe voudrait échapper à cet affreux destin, surtout pour son fils. Elle accepte de se prostituer, de transporter de la drogue, pour se faire plus d’argent. Car avec une forte somme, on peut payer le droit de retrouver sa liberté…
Dans ce dernier opus, l’auteur m’a nettement moins séduite que dans les précédents. Son écriture, toujours très soignée, est moins nerveuse, moins inspirée. Les histoires des femmes autour d’Ada et Moe finissent par se ressembler, et l’auteur appuie avec complaisance sur l’horreur de leurs situations, multipliant les détails atroces, inutiles pour bien comprendre. L’histoire de Moe et celle d’Ada suffisaient au propos, les autres, on pouvait les évoquer en quelques lignes, mais elles s’étalent, et je les ai endurées tant bien que mal.
La « Casse » est une possibilité qui transforme le récit en « science-fiction »; cela correspond à un gouvernement totalitaire, mais nous n’avons pas d’autres renseignements sur ce qu’est devenue la France. Au lieu de s’appesantir sur quelques destins, l’auteur aurait dû imaginer la situation politique et sociale dans son ensemble, de cette société qu’elle situe dans
un avenir proche.
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