Points, Grands romans, 804 pages.
1 ère publication 2009, actuelle en poche 2014
Trois récits en alternance : 1 ) Ivan, écrivain cubain exilé et devenu vétérinaire, raconte sa vie, et notamment sa rencontre, pas si fortuite, de l’homme qui aimait les chiens... Tous les protagonistes aiment les chiens dans ce récit, c'est ce qui les rapproche...et tous les personnages élèvent des " Barzoï " y compris Ramon Lopez Mercader: ce chien, un lévrier russe à poils longs, n'est pas n’importe quel chien. C'est une race qu’élevait traditionnellement la noblesse russe. Nos protagonistes, tous prolétaires, ou/ et révolutionnaires, vénèrent ces chiens... !
Yvan apprend de ce curieux homme malade accompagné de ses chiens, une incroyable histoire qu'il finira par écrire et dont nous avons le contenu dans les deux autres récits. augmenté de ses recherches sur le personnage de Trotski; et de son vécu personnel très pénible à Cuba, dont le socialisme vieillit mal très mal.
2) l’exil et le fuite de Trotski (Lev Davidovvitch) depuis son séjour forcé en Sibérie à Ama-Alta jusqu’à son assassinat près de Mexico le 20 août 1940 ; entre les deux les séjours en Turquie, puis en France (rapide et anxiogène) où résidait son fils, en Norvège, et au Mexique près de Frida Kalho et son compagnon Rivera entre autres.
Son travail acharné, ses écrits, son étonnement, ses remords de certaines décisions malencontreuses pour ne pas dire tragique. Les purges staliniennes sans fin, et la mort de tous ses enfants ; son effort pour regrouper ce qui lui reste de famille.
3) la vie et les œuvres de Ramon Mercader, assassin de Trotski : catalan, membre du PCE ainsi que sa mère et son frère, il devient résolument stalinien après une enfance et jeunesse chaotique. Le lent travail d’entraînement (physique et psychologique) auquel il se soumet, pour devenir agent infiltré et approcher sa victime, sous les ordres d’un certain Kotov ( qui change de nom tout le temps aussi) et de sa mère. Mercader a passé 20 ans en prison avant de rejoindre Moscou où il fut plutôt bien traité ( mieux que son mentor). Lorsque Ivan le rencontre à Cuba, il semble avoir compris qu’on l’a manipulé et n’est plus si fier de son geste…
Un roman très bien documenté, où l’on plonge en pleine guerre civile d’Espagne, et où l’on comprend que toutes ces factions de gauche (socialiste, communistes, anarchistes, républicains, trotskistes) se faisaient la guerre entre eux , d’où comment s’étonner que Franco ait fini par gagner ?! On ressent que Mercader en se soumettant à sa mère et à son amant, n’a jamais réussi, ni cherché à être indépendant, se croyant un héros.
Le personnage de Trotski est plutôt bien vu, pas idéalisé, mais pas non plus antipathique, l’auteur a su être assez subtil. Staline apparaît comme un stratège rusé et efficace, puis comme un monstre, et aussi comme un rustre, sans culture ni éducation. Trotski aurait échoué parce qu'il était trop intellectuel. C'est déjà l'idée qu'on s'en faisait.
Il ya tout de même beaucoup de répétitions (interminables les rencontres à Moscou entre Mercader et son mentor, qui n’avancent pas beaucoup dans le réflexion.
Un ensemble intéressant, plein d'informations sur Trotski, sur la vie à Cuba dans les très difficiles années 80, sur le lent et implacable travail pour devenir un agent infiltré, et un assassin...
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