Se rendre invisible : c’est ce qu’a réussi à faire un jeune chimiste impécunieux, dans ce célèbre roman considéré comme un classique de la science-fiction.
Griffin, comme il l’expliquera à un de ses condisciples retrouvé, dont il espère faire son complice, s’est focalisé sur ce type de recherche, parce qu’il est albinos : cette anomalie le conduit à faire des recherches sur les phénomènes de réflexion et réfraction des rayons lumineux et les mécanismes de ce qu'on appelle perception visuelle. L’absence chez un individu comme lui de mélatonine aurait favorisé son devenir « invisible »!
Au-delà de ses théories loufoques, les albinos étant mis à l’écart, voire persécutés, on sent bien qu’il aspire à l’invisibilité pour ne plus être remarqué. C’est pourtant l’inverse qui se produira. Et l’urgence de tester sa découverte sur lui-même, lui est dictée par le désir d’échapper aux nombreuses dettes qu’il a contractées…
L’homme invisible est d’abord un homme en fuite, et le récit est largement l’histoire de sa cavale. le début de l'intrigue, son séjour à l'auberge d'Iping, petite ville du sud de l'Angleterre, est un mélange de burlesque et d'humour noir, ses agissements, et les réactions des gens vont d'abord amuser le lecteur ; l'effet d'étrangeté qui, peut-être prévalait il y a un siècle, n'est plus guère de mise de nos jours. Cependant, le roman va vite devenir une haletante course-poursuite très bien menée.
L'intérêt est relancé lorsque Griffin se révèle un dangereux délinquant, rêvant de devenir maître du monde !
Etre invisible, voir sans être vu, est un fantasme vieux comme le monde. On ne peut s'empêcher d'évoquer la légende grecque de l’anneau de Gygès : ce berger tombant par hasard sur un anneau qui rend invisible réussit à s’emparer du trône et à en évincer le roi. La destinée de Griffin qu’on relit avec un mélange de peine et de soulagement est bien différente…
Un personnage complexe, des second rôles bien campés, de l'action et du suspens, c'est là un classique qui vieillit plutôt bien.
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