Minuit, 2018, 127 pages.
Longue nouvelle plutôt que roman.
Le narrateur revient dans le village de St Fourneau « un trou perdu au milieu de rien » avec Claire, pour assister au mariage de sa cousine Lucie, et revoir son oncle Roland. Mais il n’a pas vraiment envie de ce séjour en famille, et la femme qui l’accompagne n’est pas Constance, sa compagne enceinte ; Claire feint d’être Constance. La famille ne l’a jamais vue de toute façon. Deux jours vont se dérouler en milieu rural ; si Laurent, le narrateur ment sur sa situation, la famille n’est pas Claire non plus. La mère a pour compagne l’oncle : tous deux ont enterré leurs conjoints de longue date. Et de quoi sont-ils morts ? Laurent se souvient d’avoir bu de l’eau de Javel enfant, sa mère s’était trompée de bouteille…
En exergue du roman, est placée une phrase de Sartre tirée de la pièce « les Mouches » ; on s’attendait donc à une atmosphère délétère, à des drames familiaux … et c’est surtout l’atmosphère qu’a travaillée l’auteur et de façon magistrale !
La mort rôde en ces lieux de façon concrète : champignons, café, vin, la nourriture est suspecte ou a goût infect… mentions d’urnes funéraires que l’on place bien en vue, cadavres de chiens, maladie de l’oncle, aspects des gens : on voit deux jambes qui dépassent d’une voiture, puis un tronc apparaît … C’est la position d’un garagiste en partie allongé sous une voiture qui fait penser à un corps morcelé. La mère qui triture de la viande avec un entrain féroce… Le bain dans un lac boueux … et toutes ces mouches, évidemment, que l’on retrouve à chaque coin de page.
Le récit de ce court séjour est sous tension : le malaise et bientôt l’effroi du narrateur, sont tellement palpables
, que l’on se sent plutôt mal soi-même !
un bel exercice de style...
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