Gallimard 2018 142 pages
1935, le narrateur intègre une prépa de sciences tenue par des « Jèzes » : il s’entiche de Conrad, un élève pas comme les autres, plus âgé, plus au fait des choses de la vie, notamment le sexe. Plus encore, il mène son existence en toute indépendance ; Robin, lui, est très proche de sa mère, et cela lui pèse. C’est un enfant »posthume » né d’un homme tué quelques mois plus tôt, dans les tranchées de la Grande Guerre.
A l’occasion d’un séjour dans la toute nouvelle station de ski de Val d’Isère, le jeune s’éprend d’une jeune fille qui voyage seule avec son carnet à dessin…
La trame narrative fait penser à ces romans dans lesquels un narrateur se lie d’amitié avec un camarade d’école différent des autres, qui le fascine et l’inquiète : le Silbermann de Lacretelle, le Demian de Hesse, ou même, plus simplement le Grand Meaulnes. Cette inclination mène souvent à une femme.
Dans ce roman, le protagoniste est destiné à progressivement perdre ses illusions, grâce à son nouvel ami, et ce processus est bien amené. Le collège de Jésuites est décrit comme un monde sans pitié qui préfigure l’écrasement de la guerre proche. Les scènes du village dans la neige m’ont plu également, le réalisme y côtoie le tragique et la beauté discrète des paysages. L’écriture est élégante, d’une belle tenue, la narration sobre, un ensemble austère, un apprentissage difficile sur fond de Front populaire et nazisme menaçant.
Une auteure que je ne connaissais pas, et que je suis contente de découvrir, les hasards parfois heureux des emprunts en bibliothèque…
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