Sabine Wespieser , 2019
L’auteur s’est inspirée de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en avril 2014 à Chibok dans le nord ouest du Nigéria ; elle s’est documentée, sur place, a interviewée des rescapées. En est sorti un récit déchirant et fort bien conduit.
Maryam a environ 16 ans, est enlevée dans le dortoir où elle dormait avec ses congénères. Elles sont conduites dans le repaire des jihadistes dans une immense forêt réduites en esclavage, malnutries, et violées régulièrement par les soldats.
Lorsqu’on la marie avec Mahmoud, soldat pour le compte de la secte, elle ne sera plus violée : Lui aussi s’est fait avoir : on lui a promis de l’argent pour aider sa mère miséreuse s’il s’engageait. Ensuite, il n’a pu fausser compagnie au groupe de criminels. Le couple engendre un enfant, et Maryam donne naissance à Babby une petite fille qu’elle peine à nourrir. Mahmoud revient d’un combat, blessé, et au lieu de le soigner on l’ampute, et on lui donne le rôle de sentinelle. Lorsqu’un groupe armé attaque le campement de Boko Haram, il aidera Maryam à s’enfuir.
Dans la forêt, avec son bébé et Buki une compagne d’infortune, elles sont perdues affamées altérées, mangent et boivent ce qu’elles trouvent sur leur chemin, se cachent…
Nous suivons cette éprouvante errance. Car Maryam n’en est pas à la fin de ses malheurs. Si, plus tard elle parvient à retrouver sa mère, elle est très mal accueillie : quoique chrétienne, sa famille est très influencée par des croyances archaïques : on la rejette, on ne veut pas du bébé « car il est de leur sang » et on veut « exorciser » l’adolescente encore choquée ! La mère de Maryam est sous la coupe d’un oncle et les agissements de ces villageois arriérés est à peine plus supportable que ceux du groupe de criminels tortionnaires. Le sort d’autres jeunes filles est évoqué : certaines ont été vendues à des hommes riches, une s’est sauvée du camion où on les emportait mais a perdu la raison. Nul n'est sorti indemme de l'histoire.