Seuil, 2019 , 458 pages.
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Cora voulait devenir photographe, mais elle a dû renoncer à ses rêves de jeunesse pour avoir un emploi stable et un vrai salaire : la voilà au seuil de la trentaine avec un campagnon un bébé et ce travail au sein de la compagnie d’assurance Borélia , au service marketing : pendant son congé de maternité, Borélia a rachetée par des actionnaires : il n’y a plus de »patron » mais une direction moderniste soucieuse de faire des économies : Edouard , le collègue à qui elle était très attaché , qui était plus un ami qu’un supérieur hiérarchique a négocié un départ volontaire. L’entreprise déménage à la Défense, et Cora doit travailler dans un « open space « ; elle ne s’y fait pas…
Accepte une entrevue avec un collègue anonyme qui lui donne rendez-vous dans un restau, après le travail, un rendez-vous évidement ambigu, elle croit que c’est son nouveau chef ,Frank Tommaso, à qui elle plaît, et qui ne lui est pas indifférent, ceci dit, ils se détestent…
Cora se met à vivre plusieurs aventures qui la déstressent de son travail, qu’elle essaie sans y arriver vraiment, de rendre moins routinier. Elle tombe littéralement sur un réfugié malien qui squatte dans la gare st Lazare ; l’aider, lui trouver un avocat susceptible de lui faire avoir un droit d’asile, parler longuement avec lui, admirer ses dessins, le photographier ainsi que le contexte dans lequel il vit, cela devient sa priorité. La jeune femme s’investit dans trop de choses à la fois, et commence à perdre pied…
Je ne sais trop quoi penser de ce livre, qui veut faire le procès de l’entreprise livrée au capitalisme, et fait surtout le portrait d’une femme qui a beaucoup de mal à " gérer son quotidien"comme on dit maintenant. Le récit de sa relation avec Maouloun pourrait faire l’objet d’un roman à lui seul, mais il témoigne bien du mal être de la jeune femme et de sa détermination à vivre une existence qui lui plaît, parallèle au quotidien qui la déçoit.
Au final, pour l’aspect positif du roman, on a un portrait de femme très intéressant, une femme de notre époque, qui a pas mal d’atouts dans sa manche ( un compagnon intelligent et sympathique, large d’esprit, un CDI et un vrai salaire, un peu de temps pour se cultiver et vivre une vie personnelle) et des problèmes sérieux ( un métier difficile, moyennement attrayant, des supérieurs hiérarchiques pénibles, des aspirations déçues ) qui fait une dépression et remonte la pente. L’autre bon côté du roman c’est l’écriture, classique et efficace .
Le côté négatif c’est le drame qui se produit aux deux tiers du roman très peu crédible, eus égard à la personnalité du personnage principal. S’il fallait que Cora soit victime d’un gros pépin en rapport avec son « burn -out » , on aurait pu trouver mieux ! Quant à l’enquêteur qui relate son histoire, vu son identité qu’on découvre à la fin du roman , j’ai été choquée qu’il ait accès aux carnets intimes de Cora…