Gallimard, 220 pages. 2011
Edith, traductrice de son état, embauche une Fadila Amrani, une femme marocaine qui a environ 65 ans ( elle n’est pas sûre de son âge…). Elle sympathise avec Fadila, et se rend compte que son quotidien est difficile parce qu’elle ne sait ni lire ni écrire. Voulez-vous que je vous apprenne ? Fadila est d’accord. Mais elle a un certain âge et n’a jamais été scolarisée. Au bout de quelques semaines de labeur, Edith se rend compte qu’elle n’arrive à rien. Fadila ne parvient pas à se faire de représentations abstraites de notions qu’elle a acquises depuis longtemps dans des situations concrètes. Au dessus, au dessous, en haut , en bas… ne signifient rien pour elle sur une feuille de papier. Elle ne réussit pas à mémoriser lettres et chiffres écrits, ni à les associer au son correspondant. Elle réussit à recopier des mots et suites de chiffres et c’est à peu près tout !
Elle a certaines représentations imagées en tête, par exemple « RER A, RER B, RER C » parce qu’elle prend souvent le métro… et que c’est écrit en grosses lettres ( pour elle ce sont des images pas du texte…) . Alors, on pourrait essayer la méthode dite « globale » pense Edith… mais cela ne fonctionne pas non plus…
Comment passe-t-on de l’image au texte, du concret à l’abstrait ? Fadila a bien appris à parler !
On se pose toutes sorte de questions sur les compétences à mobilier pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. On a aussi un beau portrait de femme, dont la vie nous semble bien pire que celle de n’importe quelle française…
Ce n’est pas un roman, mais un témoignage. Poignant.