Gallmeister, 2017.
Un coin isolé du Minnesota entre bois marécageux et lacs gelés à une cinquantaine de kilomètres de Duluth
Linda une jeune fille de 15 ans plutôt farouche, livrée à elle-même par des parents négligents, vit d’une façon minimaliste. Elle dort dans un grenier dans un sac de couchage, fait six kms à pieds aller et retour « dans les sumacs « pour aller en classe. La plupart de temps, elle ne semble pas manger à sa faim. Dans la cabane où vit cette famille, on allume peu la lumière, on a souvent froid.
La vie de cette adolescente tourne autour du bois qu'il faut couper, des poissons pêchés par le père, qu’il faut vider, du lycée et des devoirs à faire , elle fait un exposé sur les loups et la nature, est attirée par son professeur M Grierson, plus ou moins pédophile. Pas d’amies au lycée : son mode de vie est trop spécial : on dit que ses parents sont d’ »anciens hippies » . , elle fait des balades en canoë sur le lac, et s’ennuie profondément.
Un jour, une famille qu'elle observait à travers ses jumelles emménage sur la rive opposée du lac ; une très jeune femme , son mari bien plus âgé, un petit enfant.
Une belle maison. La vie aisée de ce couple et de leur enfant dont l'existence semble si différente de la sienne lui fait envie.
Elle devient la Baby- Sitter de Paul, quatre ans ........elle lui fait découvrir le bois , la cabane en liberté
On sait dès le départ, que Paul va mourir trois ou quatre mois après que Linda l’ait connu. On découvre progressivement l’horreur de sa situation : Paul a des problèmes de santé que Linda a perçu mais qu’elle ne sait pas interpréter ; Patra et Léo son mari appartiennent à une secte « la science chrétienne » selon leur croyance, l’esprit doit absolument contrôler et dominer le corps : ils font comme si Paul allait bien et lui interdisent implicitement de se plaindre ; ils se conduisent à peu près comme les Témoins de Jéhovah. Linda est aussi priée (ostensiblement) de faire comme eux. Linda aurait sans doute parlé à ses parents de ce qu’elle constatait… si ses parents n’avaient pas été eux aussi un peu semblables aux Gardner … d’ailleurs elle-même se souvient lorsqu’elle vivait dans la communauté d’avoir été longtemps malade (au même âge que Paul pense-t-elle) et de n’avoir reçu aucun soin, n’ayant comme compagnie qu’une autre petite file malade elle aussi. Ce qui explique qu’elle ne puisse pas venir au secours de Paul. Et n’éprouve pas l’empathie qu’une adolescente élevée dans des conditions normales aurait pu concevoir.
En dehors de ce récit très éprouvant pour le lecteur du calvaire de Paul, que rien ne vient sauver, Linda raconte sa vie lors de cette fin d’hiver, et ce printemps si terrible, mais elle nous relate aussi des bribes de son futur ( à 26 ans, à 37ans l’âge qu’elle a maintenant) et ce récit là n’est pas intéressant. La plume de l’auteure : elle s’efforce à l’originalité des métaphores et à un certain onirisme ( le soir et la nuit sur le lac, les bois) et transcrit plutôt bien le calvaire de Paul, et l’effroi de Linda et Patra recouverts par une sorte de déni forcé. Les pages sur sa vie après « le drame » sont de trop. Elle aurait dû se contenter d’un épilogue ;