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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 15:36

Pris Goncourt 2016

Aimant la catégorie du « serviteur criminel «  j’ai acheté le livre assez vite après sa parution. Et je ne l’ai lu que quatre ans plus tard. Car ce sont des petits enfants qui sont les victimes de la nounou criminelle… et c’est asséné dès les premières pages.

Le style est simple, beaucoup de présents, narratifs ou pas, peu de descriptions, peu de non-dits… ça se lit très vite ; le traitement de la temporalité est assez travaillé. On a plusieurs flash-back on s’arrête à différents moments de la vie de Louise autrefois avec son mari, avec sa fille, avec les enfants qu’elle garde, avec son propriétaire qui lui fait payer cher un tout petit logement insalubre, avant de la virer ( c’est à Paris … )

Plusieurs points de vue narratifs éclairent (ou non) les événements et permettent une mise en perspective. Celui de Myriam, la mère des deux enfants, qui a repris une activité professionnelle, et se sent coupable de laisser ses enfants, d’autant plus que, comme dit son mari «  tu ne gagneras pas plus que la nounou ! Alors ?... ». c’est une des raisons qui lui font admettre que Louise s’invertisse beaucoup trop dans sa tâche …de Paul son mari, pas très  présent, sauf pour gaffer,  de la fille délaissée et disparue de Louise, la pauvre Stéphanie, le point de vue des voisins,  de la femme qui a donné de bonnes références à Louise, et de leur garçon maintenant adolescent, qui se souvient des bons soins de Louise à son égard lorsqu’il avait huit ans ( relation malsaine admet-il à part lui) ; les rare connaissances de Louise ont aussi leur mot à dire ou à penser.

On découvre donc une Louise ayant toujours vécu dans la précarité sociale, et affligée d’une pathologie du genre « manie dépressive » pour laquelle elle a été peu traitée et pendant un temps très court. Le contexte social et le psychologique s’imbriquent  et donnent un résultat très défavorable. N’ayant pas de vie personnelle, rien que des dettes laissées par son défunt mari ( largement aussi fou qu’elle !) , des dettes auxquelles elle ne comprends rien, Louise se donne à fond dans son activité professionnelle qui devient « tout » pour elle. Ne pouvant pas maintenir un équilibre raisonnable, elle en fait toujours trop ou elle sombre dans la dépression. C’est ce « trop «  qui est mal évalué par ses différents employeurs ; ils y voient une sorte de perfectionnisme qui leur plaît, d’autant que Louise en fait plus qu’on ne lui demande et insiste pour persister dans ce surplus de zèle : elle fait le ménage, la cuisine, sans être payée davantage. Ne le demande pas, va jusqu’à refuser de l’argent ! Quant aux enfants ils se laissent prendre eux –aussi. Bien que Louise s’occupe d’eux à la perfection, elle les maltraite aussi en douce, et ils ne se plaignent jamais. Les parents ont bien remarqué des tas de choses qui en vont pas chez Louise, mais ils ne réussissent pas à s’en défaire, pas assez vite en tout cas…

Elle, qui est si démunie, exerce une étonnante emprise sur ces quatre personnes ! Cet étonnant paradoxe est assez bien montré…

 

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