2019, 223 pages
D’après sa documentation, et son imagination personnelle, l’écrivaine narre une biographie du dictateur Pol Pot ( de son vrai nom Saloth Sâr qui signifie « l’homme-nuit ») .
Elle arrête le récit lorsque les Khmers rouges envahissent Phnom-Penh et vident la ville, massacrant tout le monde sur leur passage et détruisant tout ce qui a trait à la civilisation et à la culture , y compris l’argent.
Cette première partie campe un garçon méprisé par sa famille, humilié par ses comparses, envoyé tôt dans un pensionnat rigide , où l’on passe beaucoup de temps à réciter des formules sacrées , des mantras et répéter à l’infini des gestes stéréotypés ( qui ont beaucoup d’importance pour tenir le coup). A Paris, envoyé par un oncle comme étudiant, alors qu’il est singulièrement ignorant, il va s’initier à la lutte armée, entrevoir une possibilité d’être quelqu’un.
Un apprentissage lamentable, mais pas si rare, et tous les ratés ne deviennent pas des Pol Pot…
Le portrait qu’elle dresse de Sâr est celui d’un garçon sans doute schizophrène. Il est mort sans avoir été jugé.
Nous voilà à la deuxième partie, L’auteure raconte sa propre histoire , sous le pseudo « Dorritt « ( je n’ai pas lu le roman de Dickens malheureusement, donc je n’en déduis rien pour l’instant).
Curieusement elle pense avoir quelque chose de commun avec Pol Pot. Il faut oser ! Et rédige quelques leitmotivs en parallèle .
Nous voilà au titre : les "lèvres de pierre sont celles du Bouddha : un sourire lisse, un sourire à tout faire, qui ne révèle rien de la personne. Elle l'a pratiqué ce sourire. Et lui aussi.
On a du mal à y croire… Dorritt c’est plutôt une hystérique très douée. Elle a eu des liaisons avec tous ses profs de fac, certaines lui ont laissé un assez bon souvenir ; elle a épousé un homme de son choix. En dépit de ses autres malheurs, le bilan se révèle plutôt positif… je me sens nulle à côté d’elle.
Elle se pose pourtant des questions intéressantes ; Pourquoi ses amis et elle ont-il soutenu des dictateurs dans les années 70 ( celui là dont elle a déjà parlé mas aussi Mao et l’on pense à Foucauld fasciné par l’ayatollah Khomeiny etc.) ?
Comme tous les écrits de Nancy Huston, celui-là non plus, en dépit de ses bizarreries ne laisse pas indifférent.
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