1969.
Aux USA en Arizona. Grève estudiantine. Manif et violences ; des étudiants sont tués, un flic aussi. Mark se trouvait dans la mêlée, et craint d’être accusé. Il se sauve, en empruntant un avion, un de ces petits avions individuels (mon frère an a possédé un). Il s’envole pour la première fois de sa vie et y prend plaisir.
Il va rencontrer une fille, forcément. Daria, jeune, jolie, avec des cheveux qui ondulent librement jusqu’aux fesses. Madeleine ou Raiponce ?
Ni l’une ni l’autre…
Elle est secrétaire et doit rejoindre son patron quelque part. Pas tout de suite, je veux aller méditer dans le désert. Ce désert c’est la Death Valley. L’avion de Mark et la voiture de Daria jouent à se poursuivre. A l’arrêt, font connaissance. S’en suit une consommation amoureuse dans ce décor sauvage. Zabriskie Point est un lieu, où se trouvait autrefois une rivière partiellement asséchée. Pendant l’étreinte des deux jeunes gens, on voit se multiplier les jeunes couples sur tous les monts alentours. Cela produit une certaine impression.
Finalement Mark et Daria déguisent l’avion en gros oiseau bizarre amusant et grotesque. Il veut retourner en ville et atterrir. Pour rendre l’avion. Et de toute manière où s’enfuirait-t-il ?
A peine à terre, il se fait tuer sans sommation. Daria le pleure et arrive chez son patron mais elle en repart aussi sec, et imagine que tout explose, la maison du patron, tout ce qu’on peut imaginer. Nous observons des tas de bribes d’objets volant et explosant, des incendies, tout cela pendant une bonne dizaine de minutes. Fin.
C’est une époque où les cinéastes s’essaient les uns au film politique gauchiste, les autres au psychédélisme. Parfois les deux. Antonioni montre la contestation étudiante qui ne mène à rien sauf au bain de sang. Les affiches immenses publicitaires que longent les jeunes gens sont dérangeantes, ignobles, et elles sont comme dans la réalité. C’est le meilleur du film. L’histoire d’amour est assez conventionnelle, à l’époque, on faisait beaucoup ce genre d’étreintes de corps jeunes dans la nature. Les paysages sont bien filmés et produisent leur effet, en évitant le côté carte postale. La fin ressemble à tous ces films psychédéliques, qu’on pouvait voir : More par exemple. Mais on ne s’attache pas aux personnages qui sont relativement désincarnés.
Dans la production d’Antonioni, c’est un film mineur. Il suit les conventions du genre, comme par exemple, Chroniques d’un amour suivait celles du film noir. Avec talent, mais sans originalité.