Juan Rulfo : Pedro Paramo. 1992. Gallimard ( L’Imaginaire)
Un village du Mexique. Les morts ne s’y tiennent pas tranquilles. Ils évoquent leur passé dans de nombreux et bruyants chuchotements, sans compter les apparitions innombrables qu’ils s’autorisent. Du souvenir des morts, qui forme tantôt un chœur, tantôt se présente sous la forme de confidences verbeuses, surgit l’histoire d’une communauté qui a connu des jours difficiles, des tragédies.
Juan Preciado, a promis à sa mère mourante, de venir à Comala, le village de son père, et de le retrouver pour lui demander des comptes. A peine arrivé à destination, il apprend que son père est mort, et qu’il était le père de tous les jeunes gens de son âge, et même de plus âgés que lui, parmi les habitants du village car ce tyran disposait de toutes les femmes de la commune ainsi que de toutes les terres.
Ce sont ses acolytes, des hypocrites et des lâches, qui, croyant y trouver leur intérêt, l’ont laissé faire. Puis ceux qui ne voulaient pas de cette situation s’étant trouvés en minorité, ont dû céder.
Le curé du village entendait en confession les pires horreurs, et il n’a rien fait pour aider ses paroissiens à lutter contre le tyran. Rongé de culpabilité, il meurt aussi.
Juan Preciado ne va pas résister longtemps non plus. Les morts et leur bruyante mémoire ont raison de lui.
Il partage un caveau avec Dorotea. Ils se parlent et écoutent les mélopées, plaintes à voix plus ou moins hautes, des autres défunts.
Même Pedro Parãmo, le tyran craint et abhorré y va de son histoire. Ainsi que cette étrange Susanna qu’il aimait tant, et qui se mourait de mélancolie dans son lit avant de récidiver au tombeau.
Plaintes directes et propos rapportés. Discussion poétique éplorée. Chacun à sa manière raconte comment il ou elle a participé à l’installation du tyran , en a eu horreur et y a aussi trouvé son compte. Pourquoi ?
Expression poétique originale que ce concert de blues funèbre à plusieurs voix qui s’entrecroisent, sans compter les fantômes. Mais c’est le parlé qui domine. Les morts n’en finissent pas de se plaindre et de s’expliquer.
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