Pour me
distraire des affres de la Parure, je me lançai dans un roman fleuve de haut débit « Torrents », dont j'ai oublié l'auteur, qui contait l’histoire d’Ida Macalpine, aînée de
quatre filles à Amsterdam, pauvre, mal faite, charpentée, le cheveu rêche, le visage terne, plate et fade. Toutes quatre sont dentellières ; Ida réussit à marier ses deux jeunes sœurs pas
vilaines, qui portent des noms étonnants que je n’ai pas oubliés : Neetlje et Daatlje.
Pour assurer son avenir personnel, elle répond à une annonce : un ingénieur cherche à se marier au plus vite.
Le prétendant, Ian, évidemment blond, et de look néerlandais-viking, est beaucoup trop bien pour elle, miracle empoisonné, et l’épouse aussitôt, elle ne veut pas imaginer pourquoi, puis l’emmène
sous les tropiques… trop près du Gange.
La voilà sortie du ruisseau mais à quel prix ( ?)
la raison du mariage je l’ai oubliée, et ne sachant le nom de l’auteur, je n’ai pas retrouvé ce livre.
La pauvre Ida, devenue une bourgeoise, loin de ses canaux, doit supporter les maîtresses de son époux, dont une ancienne favorite, Sigrid ( un nom fascinant) que Ian poursuit, traque, retrouve et
perd encore, devant une cascade en Suède.
Retour en Inde, une voisine qui connaît la magie menace Ida, qui en outre continue à endurer la jalousie morbide de Ian avec qui toutes ces belles dames n’ont pu vivre, le deuil d’un enfant
qu’elle avait réussi à avoir de lui, Nils, ( un nom qui m’est resté cher) et qui s’empoisonne en buvant l’eau d’une mare, la répudiation par le mari pour cause de fausse dénonciation, la fuite
dans une forêt vierge, la perte d’un autre enfant qu’elle portait, puis le plongeon fatal ( fœtal ?) dans sa bonne vieille mer du Nord retrouvée, du haut d’un bateau qui la ramenait chez elle,
alors qu’un inconnu lit le manuscrit de ses épreuves qu’elle lui avait confié.
Ce n'était pas un roman "rose" ni "noir" mais un mélodrame poussif.
Malgré tout j'ai bien compris à l'époque,( 12-13 ans) qu' Ida était une femme sur qui les hommes ne fantasment pas.
Du moins n'éprouvent-ils pas à son égard, ce type de fantasme distingué qui en conduit certains à désigner une femme comme séduisante, désirable, susceptible d'être aimée.
Elle pouvait se faire violer, sauter, ou/et faire un mariage de raison. Rien d'autre.
Ma mère chuchotait quelquefois à mon beau-père " qu'est-ce qu'on fera d'elle?"
il répondait " Toute grenouille trouve son crapaud... ou son bénitier."
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