Le titre : Light In August : mot qui désigne des lueurs d’incendie, un incendie criminel, de fortes chaleurs étouffantes, et le moment où la colère s’embrase.
Titre de dérision car il s’agit davantage ici des ténèbres d’obscurité, et de feu d'enfer, que de lumière.
La lumière aveuglante et éclatante d’août met en relief les ténèbres de la pensée et de la vie humaine.
Léna Grove, 18 ans qui vient d’Alabama, arrive à Jefferson, Mississipi, enceinte de huit mois, pour y chercher le père du bébé, un certain Joe Brown,
qui travaille à la scierie.
Elle y rencontre un ouvrier, Byron Bunch, qui l’héberge, et lui tait que l’homme qu’elle recherche s’appelle Lucas Burch et qu’il fricote avec Joey Christmas, métis marginal qui a travaillé trois ans à la scierie et s’y faisait remarquer. Tous deux ont quitté leur emploi, font du marché noir et pis encore.
Ce même jour, Joey Christmas, 33 ans, métis, orphelin, vient de quitter la maison de Miss Joana Burden, femme de 40 ans, abolitionniste militante, avec qui il vivait depuis deux ans.
Les deux amants avaient des relations tumultueuses, souvent violentes. Joana, trop tôt ménopausée, déprimée, prenait du plaisir avec Joey et ne le supportait pas. Lui non plus.
Elle avait voulu l’aider à se reconnaître comme noir : mais Joey, qui est métis, hait son sang "noir "autant que son sang "blanc".
Joana Burden a été étranglée, sans doute par Joey.
Il a fui.
Lucas Burch présent dans la maison de Miss Burden, et sachant ce qui est arrivé, y allume un incendie pour attirer l’attention sur la maison, faire découvrir le
corps, et toucher une prime pour avoir livré l’assassin.
Pendant trois semaines Joey se cache, effectue de multiples déplacements jusqu’à Mottstown, où vivent ses deux grands-parents, les Hines, qu’il ne connaît
pas.
Mr. Hines, raciste fou et hanté par l’obsession du Mal a autrefois tué le père de Joey, un forain, et Milly, sa mère, n’a pas survécu à l’accouchement.
Hines veut inciter la foule à lyncher ce petit fils maudit, qu’il avait déposé, bébé, à la porte d’une église trente trois ans plus tôt et qui a erré d’orphelinat
en famille d’accueil, de Memphis à Jefferson en passant par l’Oklahoma, le Missouri… toujours chassé et persuadé d’être damné.
Mrs Hines, terrifiée par son époux, veut tout de même sauver le fugitif. Elle s’adresse au prêtre.
Le révérend Hightower, rongé par un passé problématique (femme adultère, grand-père tué pendant la guerre alors qu’il poursuivait un poulet), marginalisé par la communauté, cache Joey,
puis reçoit Léna, envoyé par Bunch, sans rien pouvoir faire de significatif pour eux.
Le fugitif est libéré par Mrs Hines.
Léna vient chez elle, conduite par Hightower, pour y accoucher de son bébé.
la vieille femme perd la raison confond Lena avec Milly sa fille, et le bébé avec Joey. Elle revit le traumatisme de la naissance de Joe ( emporté par son époux) et
de la mort de Milly.
Le révérend tente d’aider Léna, effrayée, aux prises avec une histoire dont elle ne sait rien, et qu'elle ne peut comprendre.
Mr. Hines, aidé par quelques amis racistes, sérieusement allumés, réussit à faire lyncher Joey par la foule. Joey meurt, tué par un militant d’extrême
droite.
Léna et Byron Bunch se font prendre en stop dans un camion avec le bébé, par un marchand de meubles ; ils vont vers le Tennessee...
Si j'ai raconté l'histoire plutôt que de la commenter, c'est pour mettre de l'ordre. Je n'étais pas toujours bien sûre, au fil de la lecture, de qui avait fait quoi et quand... maintenant, oui.
C’est un roman très puissant et lourd de tous les travers des peuples : racisme, haine de soi comme de l’autre, jusqu’au crime, culpabilité étouffante, impossibilité de sublimation, solitude extrême de tous les personnages.
Un ouvrage à relire plusieurs fois. Je l'avais emprunté en bibliothèque mais je vais l'acheter.
J'ai aimé aussi " Sanctuaire" mais je le trouve moins bon... quant au "Bruit et la fureur, je suis carrément passée à côté".
Je pense que mon prochain Faulkner sera " Tandis que j'agonise" : il existe en poche dans la collection "lire en anglais" ce qui est appréciable.
24 aout 08 : cet article atteint cent visiteurs. Mais sans un seul commentaire! il ne s'agit donc que de simples clics?
Je crois que Google a envoyé des internautes sur cet article pour une émission de radio ou de télé qui porte le même titre ( Lumière d'Août) c'est malin!