Nous avons acquis un ordinateur pour la première fois en 1989.
Je m’en servais comme d’une machine à écrire perfectionnée rien de plus.
J’ai oublié de quand date la première connexion Internet ; elle n’était pas de mon fait.
Les enfants ont commencé à y passer du temps ; je voyais qu’ils discutaient avec leurs amis sur MSN ou sur des forums avec des « copains » je les engueulais :
Ne pouvez-vous donc pas rencontrer des gens en chair et en os ?
Ne pouvez-vous pas inviter vos amis à la maison pour bavarder ? Les "chats" virtuels me paraissait très négatifs. Je ne parle pas des jeux vidéo qui m’inquiétaient plus que tout…
Lorsque l’on m’a offert une connexion à Internet, (2002, me semble t’il) sur un portable lent et gris clair le « petit gris », je ne l’ai pas utilisée pendant près d’un an. Je ne voyais pas très bien à quoi cela pourrait me servir.
A l’étape suivante, j’ai consulté la banque sur Internet, et pointé au chômage. Puis j’ai lu le Libé FR., Le Monde...je trouvais cela pratique ! J'ai commencé à acheter moins souvent le journal.
J'habite à plus d'un kilomètre de la "librairie" la plus proche, et comme je suis sur le quai de seine, la montée m'a toujours parue un peu rude...
Cependant,pour Télérama, je n'ai jamais lu la version en ligne, car nous y sommes abonnés.Si j'étais abonnée à un quotidien, je ne le lirais pas sur le Net.
Un certain mois d’août j'ai utilisé Google pour trouver des réponses à un jeu : je crois que c’était « destination inconnue « dans Télérama justement. Très facile et très rapide surtout de trouver les réponses grâce au moteur de recherche !
Mon dictionnaire de traitement de texte ne connaît pas encore Google il me le souligne en rouge et me conseille « Goodyear »…
Et je me suis aperçue que la société s’y reflétait : non seulement les journaux, mais la littérature, les œuvres d’art, les dictionnaires, les concerts, les centres d’achat, l’administration, la banque, le courrier… étaient représentés sur Internet.
Et de fil en aiguille j’ai fini par tisser ma petite toile ; ou encore cru qu’en ce miroir je serais plus belle.
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Comment avoir de l’audience …
C’est pourquoi un institut de sondage canadien a sans doute raison de dire que les gens seuls, insatisfaits de leur relation à autrui, et ayant peu d’activités professionnelles sont attirés par le net pour des raisons autres que les achats par correspondance, l'opportunité de se faire une clientèle, et les relations avec l’administration.
Le temps qu’ils soient intimement persuadés que cela n’améliore pas leur situation, bien de l’eau aura coulé sous les ponts.
En revanche, je ne crois pas que l’on soit plus intelligent ou plus bête du fait de la fréquentation d’Internet. Jacques Alain Miller compte Google dans les nouvelles mythologies à la Roland Barthes et dit que s’il n’est pas forcément méchant, il est bête. S’il est bête, moi qui le suis aussi je vais souvent écrire des mots dans la barre. Au début, des mots sérieux pour obtenir de vrais renseignements, et puis n’importe quoi :
On ne fait que reproduire les conduites que l’on a habituellement : si on aime lire on va sur les sites de littérature, si on aime cuisiner on va sur supertoinette etc…si l’on s’ennuie, si l’on n’a pas l’occasion d’aller en ville, on lèche les vitrines des sites ; si les musées sont loin on essaie de les visiter sur la Toile ( peu de choix) si l’on écrit pour personne, ou si l’on papote beaucoup on ouvre un blog : le contenu et la forme ne seront ni plus ni moins bons que sur le papier ou dans la vie.
Au blog sera rattaché le même bavardage ou les mêmes propos de solitaires que dans la réalité.
Certains règnent sur leur blog ou site comme des seigneurs sur leur fief et ont des cours d'admirateurs. D'autres organisent des réunions tuperware
Il y a des blogs de tout et même des blogs de blogs où l’on discute de l’intérêt des blogs !
« Sur le Net on ne rencontre que des fantômes et des individus masqués que l’on ne connaîtra jamais » dit P. Rambaud dans le Nouvel Obs du 16 mars. c'est vrai. La plupart des commentateurs, on ne les connaîtra jamais.
Si quelqu'un est intéressé par un blog, il pourrait utiliser l'adresse email et on démarrerait une correspondance. Au bout d'un moment, on échangerait des photos si on était trop loin pour se rencontrer. Le fantôme cesserait d'en être un.
C'est le but du blog, se faire des amis si on n'en a pas. Sinon, on se demande pourquoi continuer ; car après tout on n'est pas payé pour ça! on travaille pour tenir son blog et on n'est pas rémunéré! Pour quelques uns cela fait partie de leur profession, de tenir un blog. Pas moi.
Je n'ai pas de profession.
Nul ne m'a demandé de tenir un blog. Il ne sert à personne que je connaisse..Si je continue je vais le supprimer.
P. Rambaud , on le sent est fort mécontent que chacun puisse ouvrir un blog ; son propos sent l’exclusion.
Bientôt espère t’il implicitement il y aura des barrières : financières probablement ; il faudra payer pour ouvrir un blog ; droits d’inscriptions, abonnement mensuel, redevance annuelle, location de l’espace virtuel.
Seul les blogs rentables seront autorisés ; financièrement rentables, à la mode, ou ayant une certaine audience.
C'est déjà le cas ! Même un blog de lecture obtient de l'audience grâce à une stratégie de marketing bien connue : aller démarcher d'autres blogs( une vingtaine par jour au début) y laisser des commentaires . On considère qu'au bout d'une semaine de non-réaction, le blog démarché ne doit plus être fréquenté, car il ne servira à rien...
Je n'ai pas réussi à être " commerciale" : les blogs qui ne répondaient pas et m'intéressaient malgré tout j'ai continué àles lire, sans rien dire.
Ceux qui avaient répondu? Je ne sais pas! Je crois qu'on ne répond guère à mes avances.
Ceux qui sont venus d'eux-même, je les ai parfois lâchés, me rendant compte plus tard, que l'on n'avait rien à se dire.
Mais il existe des gens qui choisissent leur fréquentations! On me l'a dit et redit.... c'est possible.
Pour moi,avec ou sans Internet, c'est pareil
les blogs sans audience sont autorisés mais n'existent pas. Si l'on soupçonne que personne ne vous lit vraiment, on a envie de revenir à son cahier d'écriture. Si on ne le fait pas, c'est que l'on est habitué à son blog.
Personnellement, je réécris les articles dont Over-blog me dit qu'ils sont "lus" . Un article qui reçoit environ 15 visites par mois, je le considère comme devant être amélioré. Ce travail ne concerne qu'une petite dizaine d'articles, et ce sont les mêmes depuis lontgtemps.
Kafka disait à propos de l’écriture « Ecrire c’est se déshabiller devant des fantômes » (Lettres à Milena).
Et combien de correspondances se sont échangées par lettres entre gens qui ne se voyaient presque jamais. Entre autres, Kafka et Milena justement !