(titre original « Némésis », 1990)
Maggie Blackburn, professeur de piano, organise une réunion chez elle pour accueillir les nouveaux étudiants du département de musique de l’université du Connecticut, dont elle est directrice et enseignante, et les présenter à leurs futurs maîtres.
L’un de ses hôtes, Rolfe Christensen, compositeur résident, star du Département, entraîne chez lui Brendan, le petit nouveau, jeune, pauvre, tout juste
sorti du séminaire, sous le prétexte de lui faire écouter un de ses enregistrements.
Brendan est intelligent mais naïf, aime la musique atonale, et s'est intronisé compositeur de contre-musique à base de bruits divers.
Mais cette nuit-là, en fait de musique, il subit un viol avec sévices aggravés.
Brendan se confie à Maggie qui veut aussitôt que justice soit rendue. Mais, soucieux de sa réputation, l’ensemble du département de musique cherche à étouffer l’affaire. Rolfe
n'en est pas moins assassiné et Brendan, l'ex- séminariste soupçonné de meurtre.
Maggie, se lance dans une enquête approfondie, aidée par le quasi-fantôme de son père qui administrait la justice en tant que procureur.
Pleine d'ardeur, philanthrope, timide, Maggie va découvrir des fait tous plus déconcertants les uns que les autres.
Le roman emprunte au thriller, au roman psychologique, ainsi qu' au récit à énigmes. Relatée sur un ton ironique, l’enquête de Maggie ne manque pas de rebondissements ni de suspense. La pianiste intègre, soupçonne tout le monde comme le lui suggère feu son père… y compris elle-même. Au passage, on dénonce l’hypocrisie, le chantage, les faux génies, on glisse quelques vérités bien assénées et parfois poétiques sur l’art, la vie, la musique.
« Les recherches récemment entreprises par Maggie… lui avaient suggéré l’existence possible d’un vaste réseau souterrain dans la profession à laquelle elle avait voué sa vie par amour : une espèce d’organisation secrète ou de jeux d’alliances complexes où les hommes se protégeaient systématiquement les uns les autres, se promouvaient, mentaient, s’attribuaient récompenses, prix, affectations universitaires- tout en se détestant fréquemment. Comment était-ce possible ? »
Les deux personnages principaux, sont consistants, et possèdent une originalité peu fréquente dans un polar.
Rosamond Smith est plus connue sous le nom de Joyce-Carol Oates, auteur de « Blonde », « Confession d’un gang de filles.. »; « Eux… » mais les polars qu’elle a signés sous son pseudonyme, ne manquent pas de qualités non plus.