Ce roman décrit admirablement , à l'aide d'un style précis et concret, la fin de règne d’un tyran domestique, Contaldo Glisensi, à Bergame, au vingtième siècle, probablement de nos jours ou presque, sans que rien des événements politiques, ou des caractéristiques contemporaines ne vienne filtrer dans le récit pris en charge par les divers membres d‘une famille traumatisée, cloîtrée et réduite à une survie angoissée en huis clos.
Munda, fille unique de bourgeois aisés, a été mariée très jeune, juste après la guerre à cet homme plus âgé qu'elle, Contaldo , un monsieur qui parlait anglais, avait une bonne place dans une étude notariale, et qu'elle avait vu deux trois fois avant la noce, jamais en tête à tête.
Violent, vulgaire, sexuellement très avide, Il a dégoûté la jeune fille et s’en est fait détester. Les parents de Munda étaient âgés, timides, et très bien élevés. Elle aussi. Contaldo s’est installé en maître dans leur maison. Il a fait venir de la campagne Concilia, une fille sans ressource, pour contenter ses appétits. Les parents de Munda ont feint d’ignorer la situation.
Munda a eu un premier fils, Eugénio, qui, âgé de deux ans, refusait de s’habiller. Conduit chez le psychiatre, ce dernier a stigmatisé Munda : elle n’avait pas désiré l'enfant, elle est une mère « algide ».
Au moment de la résolution de crise, Eugénio a presque quarante ans. Il est relégué au sous-sol de la maison familiale par Contaldo qui l’appelle « le fou ». Il se vêt avec du papier, se confectionne des costumes avec des papiers raffinés de toutes sortes dont il aime le bruits de froissement « frtt », plus ou moins chantant, refrains qui l’accompagnent dans sa solitude.
Maddalena la sœur cadette occupe le premier étage avec Erasmo qui travaille dans l’étude de son père, et dépend de lui. Giovanna la benjamine, mange toute la journée ; elle est devenue obèse jusqu’à la difformité pour échapper à son père qui la tripotait. Les autres souffrent d'anorexie.
Contaldo a décidé de vendre la maison de ses femme et enfants, dont il a exigé des procurations longtemps auparavant. Il compte placer Génio en institution, envoyer Maddalena et Erasmo vivre ailleurs , et virer Concilia sa vieille maîtresse qui ne lui plaît plus.
Munda, ses enfantset son beau-fils, abouliques, terrorisés, songent au suicide ; Concilia, qui s’est consacrée au Maître, ainsi qu’à la famille comme gouvernante, n’a nulle part où aller. Elle n’appartient pas à la famille, et veut agir…