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21 juillet 2007 6 21 /07 /juillet /2007 14:29

 

Publié aux éditions  Gaalade en février 2007


 

Le Cluedo : David, quinze ans aujourd’hui, jettera t’il sa gourme ? Son frère aîné Jacob écrivain en panne arrivera t’il encore à créer ? Marian   célibataire esseulée trouvera t’elle une âme frère ? Susan peut- elle aimer encore Jacob ? …
en attendant, ils jouent tristement au cluedo  
les personnages du jeu s’animent pendant la partie : Mlle Rose ne sait si elle veut que le colonel Moutarde la viole ou non, le colonel veut bien mais n’est pas sûr d’éprouver du plaisir, le professeur Olive se demande s’il veut vraiment voir ça, Le docteur Violet se perd dans les passages secrets sous la maison veut revenir en arrière mais poursuit sa route, Mme Pervenche se demande si elle est ou non jalouse de Mme Leblanc qui ne sait pas si elle doit rire ou pleurer ! Beaucoup de questions, rien ne se résout, la partie peut-elle s’achever ?
Le ton est ironique, parfois sentimental, avec quelques belles descriptions et les personnages du cluedo sont plus complexes que les joueurs.

 

Le Rideau : un petit garçon, autorisé à se rendre seul au cinéma, s’aventure dans les coulisses, contemple et détaille avec excitation et un peu d’effroi des personnages de films archétypaux, les suppose vivants, mais comme Saint Thomas, veut toucher …une jolie fille qui arpente sa loge en répétant des phrases tragiques à moitié dites… et s’enfonce dans une substance épaisse, de la chair peut-être , de la peau , sûrement pas… vue par les yeux d’un enfant l’aventure garde un côté insolite, effrayant proche du fantastique et aussi de ce que Freud nomme « l’inquiétante étrangeté » très présente dans ce texte.

Le Musée Barnum : il consiste en une multitude de salles où sont présentées des scènes de foire et des décor de faux semblant : avaleurs de sabres, dragon cracheurs de feu, aquarium avec rochers où nagent des apparences de sirènes, faux et vrais monstres en tous genre.

Bien des gens sont fascinés, ou attirés comme par des aimants dans cet ensemble où l’on se perd volontiers mais où un gardien vous reconduit toujours. Des visiteurs en sont las d’autres persistent à l’aimer. Il ressemble à l’Enfer (plusieurs nouveaux au-dessus et en dessous, des sous-sol qui descendent toujours plus bas l’on ne sait jusqu’où).

Phinéas Barnum est l’inventeur des effets spéciaux et des artifices. 

C’est peut-être aussi une métaphore du monde comme cirque. L’une des meilleures pages de «  La Vie trop brève d’Edwin Mulhouse » est la description d’un champ de foire à peu près vide où deux gamins de 11 ans se rappellent les splendeurs d’antan (de leurs six-huit ans, lorsque la foire battait son plein).  

Borges voyait le monde comme une immense bibliothèque…on peut le voir aussi comme une foire bruyante et tapageuse.

 

 

 

 

Carte postale sépia : Il a quitté Claudia avec qui il s’est querellé et s’est logé dans l’hôtel d’un petite bled battu par de violentes pluies et de fortes bourrasques de vent.

Par désoeuvrement, il achète une carte postale dans une boutique de Souvenirs où l’on vent toute sorte d’objets anciens à prix divers, une accumulation de petits objets dont l’auteur aime à faire des descriptions interminables. Le dessin de la carte qu’il achète l’effraie, les personnages au début indistincts prennent du relief comme tout ce qui commence à vous obséder, les personnages de la carte semblent embarqués dans une querelle grave, la femme est menacée par un homme armé d’un couteau. Indiscrets, ils vont réveiller le dormeur en pleine nuit…

 

Le Huitième voyage de Sindbad

De tous ces récits je crois que c’est mon préféré.

Le récit progresse en trois narrations alternées.

Sindbad, devenu vieux, sentant sa fin prochaine, assis dans son patio en dessous d’un oranger, rêve à ses voyages, se demande s’il les a déjà effectués et de quelle manière, cherche à se rappeler des détails pour répondre valablement à la question.

Le narrateur   effectue un travail de réflexion et d’enquête sur   les Mille et une nuit, comment elles furent popularisées en Europe, ce que l’on peut en penser, et s’interroge aussi sur les procédés d’énonciation dans ces textes et les différents destinataires : Shéhérazade raconte en une vingtaine de nuit à son époux ce que Sindbad a vécu en six jours et qu’il relate lui-même en trois soirées à des marchands et à un ouvrier…

Sindbad conte son dernier voyage à l’imitation des précédents ; le héros arrive dans unne ville –fantôme, après un naufrage, il est peut-être mort, rencontre des navigateurs, des négociants, un roi, et le célèbre oiseau roc…

 

Pluie : un homme qui sort du cinéma est agressé par une pluie violente ; d’abord inquiet pour ses vêtements, puis pour sa conduite, car il n’arrive pas à essuyer ses lunettes, et les essuie-glaces sont insuffisants, il est immobilisé dans une ornière puis dans une cabine téléphonique du centre commercial noyé, qui se dissout tandis que lui-même assiste à sa propre liquéfaction avant de disparaître ;  je dois dire que c’est d’actualité et l’on ne peut rêver récit d’un ton plus  juste.

 

Dans l’ensemble, une écriture toujours  belle sur le thème de l’illusion ;  certains récits sont trop longs (le Musée Barnum), d’autres sont agaçants ( le tout dernier sur  un illusionniste allemand, deux autres que je n’ai pas nommés non lus et dont on peut bien se passer…)

Les deux tiers  du volume se lisent avec plaisir.

 

 

 

 
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