Anamaria Marinca | |
© Bac Films | Galerie complète sur AlloCiné |
Dans la Roumanie de Ceaucescu, à Bucarest deux ans avant la chute du tyran. Gabila et Otilia sont étudiantes et partagent une chambre dans un foyer. Gabila est enceinte et ne veut pas garder l’enfant. L’avortement est interdit de puis 1966, et la contraception semble difficile dans un monde corrompu où l’on achète une absence aux cours par des paquets de cigarettes, où dans les hôtels règne une surveillance policière constante. Gabila a rendez-vous avec un avorteur, « monsieur Bébé ». Otilia a réuni l’argent qu’il demande et veut aider son amie dans ce moment difficile. Mais elle va de mauvaises surprises en mauvaises surprises. Gabila n’a pas réussi à retenir de chambre, elle oblige son amie à rencontrer l’avorteur à sa place… une fois dans la chambre, monsieur Bébé constate qu’elle est enceinte de quatre mois, fait la morale et force les deux filles à se prostituer. Quatre mois, comme le titre l’indique, elles ne peuvent plus reculer…
Ce film dénonce une société policière et corrompue. Il repose aussi sur le personnage d’Otilia, qui domine le film. Cette belle jeune fille à la forte personnalité, voit son existence chavirer en l’espace d’un jour et d’une nuit. Tandis que son amie se comporte de façon passive, elle vit à fond toutes les expériences pénibles, Une soirée dans la famille beauf de son ami, une course éperdue dans la nuit avec le fœtus dans son sac cherchant un endroit où se défaire du fardeau au milieu de quartier miteux et délabrés, stressée par des lumières violentes, des recoins sinistres, des passants douteux. Cette déambulation angoissée est un moment de cinéma très réussi.
On n’oubliera pas non plus le regard d’Otilia qui découvre le fœtus et l’observe longuement, ce mélange de détresse, de sidération et de pitié contenues.