Les meilleurs représentants du rock sont ceux qui ont tenté d’en sortir. Zappa allait vers le jazz et la musique atonale, le Pink Floyd vers la symphonie romantique, les Stones vers le théâtre sur scène … et Dylan vers la poésie. C’est, à priori, ce que dit le Dylan de Bon.
Découvrir les textes de Dylan cependant cela se fait par l’écoute de sa voix et sa manière de dire, d’interpréter, dans quoi il y a comme un chant, lequel passe difficilement pour un chant de sirène, à moins que le témoignage d’Ulysse qui tenait les prestations de ces femmes-oiseaux pour insoutenables et irrésistibles en même temps, ne dise précisément qu’être fasciné ou rebuté par l’écoute de dylan signifie exactement la même chose.
Lire un texte de dylan sans l’entendre chanter cela a t’il de l’intérêt ?
Pour moi, peut-être que non.
Lorsque je n’ai plus aimé le chant de Dylan (à partir de « Oh Mercy » disons) je ne me suis plus intéressée à ses textes.
La première de couverture raconte une histoire : voyez ces portraits en buste d’un Dylan artificiel, solarisé en trois couleurs et en trois exemplaires,
avec lunettes épaisses, expression dédaigneuse et méprisante, le plus rébarbatif des dylan possibles c’est ce qui a été choisi comme illustration. Encore et toujours le filtre warholien.
Voyez aussi le nom de François Bon inscrit en vert tendre sur une surface immaculée ce jeune Bon qui, dans l’innocence printanière de ses quinze ans allait à la découverte de ce dylan
là…qui allait lui révéler toute l’opacité l’hypocrisie la complexité du monde adulte représentée, assénée… par ce grand frère qui se dissimule dans ces images peu amènes.
Voyez enfin la sobriété étonnante du titre « Bob Dylan : une biographie ». On n’a jamais fait mieux. Le premier biographe Scaduto intitule son bouquin impunément « Bob Dylan » comme si c’était possible d’en parler directement. Après lui, on se réfugie dans des sous-titres vaseux reprenant le plus souvent le thème de la route-qui-ne-mène –nulle-part « No direction home, à la croisée des chemins, sur la route avec… ou encore le truc du masque « Behind the Shades ».
Mais là bon sang « une biographie » … ! Il fallait oser. On croyait que c’était une rencontre, non, c’est une biographie.