Anne est parti rejoindre son ami Gyl, à présent domicilié près du lac Baïkal. Elle voyage à bord de ce Transsibérien que Blaise Cendrars a rendu célèbre. Le style sera tout à fait différent. Il n’empêche : va t’elle réussir à faire exister ce train une fois encore ?
En chemin, c’est pourtant à sa vieille amie Clémence, que va une grande part de ses pensées.
Clémence, modiste retraitée, est restée à Paris sur le canapé rouge, où elle est seule à s’asseoir désormais. Avec Clémence, Anne évoquait des femmes remarquables et leurs destins, leurs écrits : Olympe de Gouge, Marion du Faouët, Milena Jesenska…et même des vivantes telle la chanteuse Anna Prucnal.
Ensemble elles ont aussi évoqué leurs hommes. L’ami de Clémence, Paul, la funeste année 1943, et Gyl qu’Anne veut rejoindre, de plus en plus mythique. Tous les deux incarnèrent à des époques différentes des rêves de révolution en rapport avec la Russie. Les héros ont disparu, les rêves se sont sclérosés et pourtant Anne est en route vers Gyl. De ce trajet, elle goûtera les éléments même du voyage, cahots du train, paysages, monuments, statues, écoute de la langue chantée et parlée, propos échangés avec les compagnons de voyage.
Michèle Lesbre s’appuie, pour étoffer le texte, sur des souvenirs littéraires en grand nombre qui ne se limitent pas aux femmes remarquables et aux auteurs
russes. Le livre possède une certaine puissance d’évocation, avec ses mélanges de flash-back portant sur des époques et des lieux diversifiés.
Ce roman, assez intéressant, figure dans la liste du Goncourt. Je les ai tous feuilleté, c'est le seul que j'ai eu envie de lire.
Il est publié chez Sabine Wespieser.
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