Sean Penn Into The Wild, film américain 2008.
Basé sur un roman de Krakauer qui relate une “histoire vraie » celle de Christopher Mc Candless, fraîchement diplômé de l’université, qui entreprend en 1990, un voyage en stop, quittant sa Virginie natale pour le Colorado, l’Arizona, la Californie, l’Alaska enfin, avec pour but de survivre en milieu naturel dans un environnement difficile, aventure qui lui sera fatale.
Chris n’a pu raconter son histoire de vive voix mais il a laissé un journal de bord dont le romancier, puis le cinéaste, s’inspirent pour mettre en image et en dialogues son périple.
Ce qu’il raconte est assez banal : il en a marre de la civilisation et veut se mesurer aux éléments naturels, où se trouverait la vraie vie. Il part avec trois livres Tolstoï, Jack London, et Thoreau (ce dernier était très apprécié des hippies), auteur de Walden ou La Vie dans les bois.
La narration est alternée : Jena, la sœur de Chris s’exprime aussi sur les faits et gestes de son frère, et relate une version assez différente : Chris serait parti comme on fuit parce qu’il était perturbé par une enfance et une adolescence marquée par les disputes violentes des parents et leurs mensonges vis à vis des enfants. Mais, objecte-t-elle, « seul Chris pourrait raconter son histoire telle qu’il l’a vécue ».
Oui, mais le fait-il ?
La photo de paysage : Ce pourrait être intéressant si la mise en scène était bonne. Le cinéaste utilise la photographie de manière souvent fâcheuse ; comme une série de cartes postales à grand effet. Les blés sont trop jaunes, la rivière trop argentée, les flots trop brillants, les montagnes trop blanches et trop escarpées. Le cadrage non plus, n’est jamais original. Les passages au ralenti ennuient dans un film semblable.
Le personnage de Chris : il est inconsistant, avec sa tête de brave garçon au gentil sourire et restera peu expressif jusque dans l’agonie.
Il a l’habitude d’ouvrir les bras et de crier sur les hauteurs pour entendre son écho lui répondre avec une évidente satisfaction.
Tout le long du parcours il va se réciter des phrases de ses auteurs favoris, comme des mantras. Je n’ai pas retenu ces citations qui sont nombreuses, pas un seul mot ; je peux seulement dire qu’elles m’ont paru pleines d’une naïve exaltation que je n’ai pas partagée. Bizarrement je n’ai retenu que le discours de sa sœur !
C’est énervant de le voir brûler des billets de banque (une manie chez ceux qui n’ont jamais manqué de rien).
Les rencontres : Chris va faire la connaissance d’une femme, dont le fils est parti sans laisser de nouvelles (comme lui), d’une très jeune chanteuse folk, Tracy, qui veut se donner à lui mais il n’accepte pas à cause de son âge, et se montre réservé, lui qui est tout sauf prudent…
Et finalement d’un septuagénaire sans famille, qui voudrait l’adopter, et l’emmène jusqu’en Alaska. Il se montre aimable avec tout le monde, peut-être voudrait-il une nouvelle famille ?
Et là, arrivé au but, se révèle la tendance suicidaire du jeune homme. Il s’installe dans un bus et rencontre des problèmes de ravitaillement. Bien que son grand-père adoptif lui ait donné un équipement de pêche, et que la rivière soit proche, il ne s’en sert pas. Il fait usage de son fusil pour tuer un élan, mais a la mauvaise idée de mettre les morceaux de viande dans un trou de terre, où les vers viennent grouiller ; s’il les avait conservés dans l’eau, il aurait eu de meilleures chances de les garder. Enfin, il s’empoisonne avec des plantes vénéneuses, n’ayant pu acquérir en si peu de temps une faculté de reconnaître ce qui est mangeable.
On attend un film d’apprentissage et l’on a une course au suicide.