Abdelattif Kechiche La Graine et le mulet
A 61 ans, Slimane, ouvrier sur un chantier naval du port de Sète est mis au chômage. Il ne travaille plus assez vite, et, ici comme en Angleterre (Voir It’s A Free World), on préfère embaucher des étrangers, voire des clandestins, à bas prix, et sans mesures de sécurité.
Il ne peut espérer de retraite digne de ce nom même ayant travaillé trente cinq ans. En effet, la société qui l’embauche ne l’a déclaré que durant les quinze dernières années.
Il rentre chez lui plus soucieux que jamais, distribue un lot de poissons que lui ont donné ses amis pêcheurs à sa famille. Son ex-femme et sa fille ne font pas grand cas des mulets, son ex-femme préférerait de l'argent dont elle manque ; sa fille aussi qui travaille à la conserverie, et se bat pour conserver un salaire décent ; mais sa compagne qui tient un hôtel modeste où il vit, et sa belle-fille, Rym, l’accueillent avec chaleur. Apprenant son problème,Rym lui propose d’ouvrir un restaurant sur le port. Le bateau dont il est propriétaire servira à cet effet. Slimane, on le sent, ne s’intéresse pas vraiment au projet, tandis que Rym y tient beaucoup, elle ne veut pas finir sa vie comme serveuse de bar.
Cependant, digne et obstiné (comme un mulet ?) il accompagne la jeune fille dans les démarches officielles qui s’avèrent peu prometteuses. Alors, Rym et lui décident de faire retaper le bateau et d’offrir un repas de couscous de poisson à toute la municipalité. Ce plat doit devenir la spécialité du restaurant.
Slimane commence à y croire, fait travailler ses fils. Le soir tant attendu arrive. Des problèmes de ravitaillement inattendus vont causer des dommages irréparables, mais aussi réconcilier l’ex femme de Slimane et sa compagne actuelle, ainsi que les enfants de Slimane et sa belle fille, pour mener à bien le projet.
Ce film est comme une invitation. Abdelattif Kechiche nous convie dans sa communauté, nous fait vivre au plus près des membres de cette famille
d’immigrés qui assument pleinement leur exil, assister à leurs déchirements, leurs joies, leurs espoirs, à tous les gestes de la vie quotidienne. Une ambiance chaleureuse, des gens
sympathiques, sincères, artistes, surtout les femmes, et qui savent nous toucher.
Le metteur en scène montre aussi que la communauté maghébine vit normalement sans la moindre trace de fanatisme religieux.
Nous les admirons , car les français, pour la plupart n 'ont pas ces qualités humaines.
Comme dans l'Esquive, Abdelatif Kechiche évite la grandiloquence, le happy end artificiel aussi bien que le mélodrame.