(Corfou, 1895- Genève, 1981)
Haut fonctionnaire à la S.D.N. , Albert Cohen avait la nationalité suisse et écrivait en français.
Nous sommes à Céphalonie en Grèce. Les Solal sont une famille juive, respectueuse des traditions les plus ancestrales. Ici, le peuple Juif est confondu avec sa religion. On emploie même le mot de "race".
Le rabbin et sa femme, respectés et lettrés, ont un fils unique le héros de ce roman. Les autres membres de la famille ( Mangeclous; l'oncle Saltiel) sont des semi clochards, autodidactes, pittoresques, tout à la fois, drôles et émouvant, exaspérants et naïfs, dont l'histoire se déroule en contrepoint de celle de Solal.
Lorsque les deux se rencontrent, c'est le drame.
Le désir de Solal est de quitter cette famille qu’il tient pour dégénérée, et cette religion qu'il ne veut pas suivre. Il part faire carrière à l'étranger mais reste errant et quoiqu'il séduise, toujours déplacé.
La cohorte conduite par l'oncle Saltiel reparaît. Se rendant compte que cette " tribu" est inconciliable avec le milieu où il vit, Solal rejette l’oncle Saltiel ainsi que son propre père venu le rechercher.
Le père se mutile les yeux avec un brasero pour se punir d'avoir engendré un renégat. Solal ne va pas résister à un tel geste. Il se croit une dette envers la tribu des Céphaloniens, rompt avec sa femme, abandonne sa carrière.
Nouveau départ : il se convertit au catholicisme, retourne vivre avec Aude, ce qui sera l'agonie du couple et la sienne propre. Pris de délire, se prenant pour le Christ, il se livre à une tragique pantomime de l'Evangile.
Ce roman contient en germe tous les développements futurs de " Belle du seigneur ", et illustre tragiquement les ravages causés par la culpabilité et le fanatisme.
Je dois dire qu’en dépit de son incontestable talent, l’écriture hyperbolique d’ Albert Cohen m’épuise, et je ne lirai certainement pas « Belle du seigneur » avant longtemps.