Natsuo Kirino «Out »
Out (texte original Out en 1997) traduction 2006 Seuil Points Thriller.
Ce roman permet une incursion dans le polar japonais féminin : cette auteure marie avec bonheur le documentaire social et le suspense policier. Il y a quelques longueurs mais on ne s’ennuie jamais vraiment tout au long des 656 pages bien tassées.
Quatre femmes entre 30 et 50 ans travaillent de nuit dans une usine à Tokyo, pour préparer des plateaux-repas à la chaîne. Elles gagnent 7200 yens (un peu moins de 52 euros) pour une nuit de travail. Toutes sont dans des situations difficiles : les conjoints sont absents,
ne travaillent pas, ou ne donnent pas leur salaire, sont cruels ou amorphes, les logis sont exigus, les femmes manquent d’argent, l’une d’elle est même surendettée, et poursuivie par des usuriers.
Lorsqu’elles arrivent chez elles le matin, c’est pour faire le ménage, la cuisine, les courses… s’occuper des enfants pour la plus jeune, composer avec des adolescents difficiles pour les aînées, sans compter que la plus âgée Yoshié est en charge d’une parente grabataire.
Le soir où Kenji Yamamoto rentre chez lui saoul après avoir tout claqué au jeu, et tapé Yayoi, sa jeune épouse, c’en est trop pour elle. Un peu plus tard, elle appelle sa collègue Masako, pour lui demander de l’aide, elle vient d’étrangler le conjoint délinquant… Masako décide de la secourir, et s’assure de l’aide des deux autres collègues qui se connaissent bien. Découper le corps, en dispatcher les morceaux dans des sacs qu’il faut jeter sans attirer l’attention, voilà la tâche dont elles s’acquittent.
La gent masculine ne tarde pas à rattraper ces femmes courageuses pour exploiter leur talent à éliminer les cadavres gênants. Pressées par le besoin, Masako et Yoshié, les plus douées, se voient contraintes d'adjoindre des activités criminelles régulières à leurs obligations domestiques…mais d’autres personnages entrent aussi dans la danse soit pour tenter d’exercer une vengeance, soit pour assouvir des pulsions meurtrières à l’encontre de l’une de ces femmes.
De plus, dans les poubelles d’un grand parc, une partie d’un corps est retrouvé et la police enquête…
A vrai dire, ce que l’on apprécie le plus, c’est l’observation aiguë de la vie des classes laborieuses, spécialement les femmes, qui, non sans ironie, passent de la découpe de tranches de viande pour panier-repas, à celle de cadavres. Plus conventionnelle mais non dénuée d’intérêt est la partie où elles sont poursuivies par un pervers psychopathe.
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