Titre original " Boy A" ;Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet en 2006 (Gallimard la noire)
313 pages.
Publié dans la série noire, ce roman n’est pas un « policier »mais un roman social.
L’auteur s’est inspiré d’un fait divers célèbre : deux garçons de dix ans avaient tué un très jeune enfant dans un centre commercial à Liverpool, au début des années 2000. Ils furent condamnés à la perpétuité, considérés comme des monstres.
Cette histoire est modifiée, de manière à nous faire pénétrer dans l’existence d’un des jeunes meurtriers qui, sa peine purgée, libéré pour bonne conduite, tente de se réinsérer.
26 chapitres, un abécédaire, de A comme Avocat (l’avocat du diable) à Z comme zéro pour raconter la vie de « A », de 12 à 24 ans.
"A" vient de bénéficier d’une remise de peine. Il a vingt quatre ans et a passé la moitié de sa vie en détention. Lorsqu’il avait douze ans, il a poignardé une fillette de son âge, avec "B", son copain, une fillette d’une classe sociale élevée, qui refusait leurs avances et menaçait de les dénoncer…
A et B étaient en échec scolaire, dans la cité de Stonelee "une ville minière au cœur d’une région montagneuse rude et froide , minante et minée. C’était le règne du chômage et des petits boulots. On prenait ce qui se présentait ». Les garçons passaient leur vie dans la rue, A subissait les coups et humiliations de voyous plus âgés, lorsqu’il se mit sous la protection de B, déjà délinquant, possesseur d' un couteau.
« Les accusés furent condamnés à sept ans d’emprisonnement, une peine sévère mais pas injuste compte tenu de la gravité des faits. Le ministre de l’Intérieur, cependant, plus influencé par la volonté du grand public et déjà présenté comme un imbécile par les tabloïds, réclama la perpétuité. Motivé peut-être par un sondage d’opinion. Et parce que les politiques savent-bien mieux que les hauts fonctionnaires n’ayant pas de responsabilités face aux administrés-qu’à l’approche des élections la justice doit condamner »
En prison, B se fait tuer par d’autres détenus, tandis que A en réchappe plusieurs fois de peu, grâce à un voisin de cellule sympathique et éclairé, et à un éducateur spécialisé, Terry avec qui il noue une relation positive. Terry lui a trouvé un job au sortir de prison, des papiers faux et un nouveau nom « Jack. ». L’ancien, on ne le connaîtra pas…
Le récit va et vient de la nouvelle vie de « Jack » à ses années d’enfer en prison, de ses errances de petit garçon dans les rues de M. avec son copain, au récit du crime et de ses circonstances.
Toujours traqué, Jack s’installe provisoirement dans sa nouvelle vie, s’investit passionnément dans son travail, ses relations sociales et intimes, profite avec intensité des grandes choses comme des petites : savourer une nourriture correcte, boire de la bière, faire un achat personnel, marcher seul dans la rue, câliner un chat, avoir une liaison amoureuse...
Son bonheur fragile s'étend sur plusieurs mois, avant que tout ne bascule…
« Et s’il coule, eh bien c’est que ne devaient pas se passer ainsi. En cette magnifique journée au bord de la mer, il se sent libre. Délivré des remords et de la tristesse. Il a connu l’amour, il a eu un travail, il s’est fait des amis, il a découvert le sexe, il a sauvé une vie. Il a eu sa journée de soleil qui brille toujours ».
Un roman profondément émouvant à lire et relire en ces temps répressifs où certains veulent que les détenus présumés dangereux finissent leurs jours en prison.