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17 mars 2008 1 17 /03 /mars /2008 18:56

A Tours, le pont Wilson s’est effondré dans la Loire.

 
 
 

La belle Nelly emportée par les flots vengeurs… ses longs cheveux ondoient, son visage congestionné, mourant, apparaît … Guillaume nage bien,  mais seulement dans les piscines. Sur le pont, il a dansé le rock et la valse, traînant à sa suite une Nelly maladroite, peu encline à ces jeux.

 
Et plouf !
 
-Cesse de taper avec ta cuillère,  crie t-il, déchirant la brume, ne vois-tu pas     que j’écoute ?…
 

      L’enfant  pose violemment son biberon et asperge la table.

 
 - Le monsieur qui est dans la machine ?
 

     Mathieu se reprit : «Oui, moi je continue à croire qu’il y a un mec dans l ’appareil ».

 
 
 

Mathieu  qui les espionne à la jumelle, a tout vu, et appelle les secours. Nelly aura sauvé sa peau, sa robe blanche et sa ceinture dorée. Elle qui n’aime pas le blanc. Guillaume sera victime de la plus terrible crise que son corps, et les eaux glacées ne lui aient jamais infligé…

 
 
 

Ce matin, avant de partir, elle s’est affublée de vêtements masculins : pantalon gris clair à rayures blanches et gilet d’homme assorti. Chemise, cravate, cheveux flottant.

 
 
 
- Je ne suis pas ridicule ?
 
- Tu es belle.
 
Silence réprobateur.  Il l’avait offensée.
 

Lui dire qu’elle était belle même avec cette voix un peu sourde et distraite ça passait les limites.

 

Et puis il mentait. Le costume d’homme ne convient pas à ses formes pleines.  

 
 
 

Le pont existe depuis le dix huitième siècle, grâce aux travaux d’un architecte nommé Mathieu Bayeux…

 

Un soupir échappa à Mathieu, sans doute venu d’une autre passerelle, qu’il n’avait jamais empruntée non plus. Son curriculum vitae se déroula sous ses yeux, avec la mention xxx en bas à gauche du document, puis apparut le visage mince, réfléchi, les lunettes rondes de l’homme à qui il s’était présenté deux jours auparavant.

 

 Il commença de peler une orange pour Melk qui produisait des bruits figurant la chute du pont.

 

    L’enfant reprit son biberon de Van Houten, et ses allers et retours de sa chambre au living d’où il transposait quelques objets personnels.

 

 Mais y avait-il réellement des victimes ?

 

A présent, on parle de l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades Rouges. Vu son nom, Mathieu ne donne pas cher de sa peau …Pourquoi les Brigadistes n’avaient-ils pas exécuté un Méchant ? Quel est leur l’argument? Les Brigades Rouges, des maoïstes recyclés en vrais terroristes, d’antiques staliniens, des tueurs sans gages, des justiciers, des canailles ?

 
 
 
 
 

Il  va chercher le courrier sous la porte, constate avec angoisse, que ses entretiens pour se faire embaucher dans des bibliothèques municipales n’ont  pas porté leurs fruits.

 

« Je ne suis pas pris » dit-il à Melk.

 

Pas pris. Pas vu, pas pris. Pas mordu à l’hameçon.

 
 
 

J’ai joué le jeu, s’auto-plaide Mathieu. Il a longuement développé son amour du catalogage, de l’estampillage, du prêt, du classement, son enthousiasme pour les diverses manières d’occuper les enfants du centre aéré, les centaines de photocopies à faire pour les élèves, les relations avec les usagers… et il a invoqué une telle soif de contacts humains ! Il a dit aussi qu’il aimait donner des conseils de lecture, les usagers en demandaient davantage qu’autrefois. Qu’il aimait faire les comptes-rendus des ouvrages  il a montré ses propres travaux.

 

Mais au final, il a une bonne présentation, est plus que ponctuel, travaille convenablement seul, mais mal en équipe, n’a ni esprit d’initiative, ni aptitude aux responsabilités, ses capacités relationnelles laissent à désirer.

 
 
 
 
 

Le nettoyage des côtes bretonnes, envahies par la marée noire, se poursuit tandis que le sinistre flux continue de progresser… on demande du renfort, des bénévoles. Partout où l’on propose du travail, ça ne paie pas. Ni le crime, ni les bonnes œuvres.

 
 
 

Il jette un coup d’œil dans la chambre de Nelly, dont il est le gardien provisoire. On y sent une eau de toilette citronnée, Yardley English Fine Cologne qu’elle a choisi pour son intitulé qui lui rappelait Guillaume. Elle hume des symboles, plus que des parfums.

 

Le lit est jonché de livres, agendas, cosmétiques, flacons, tasse, plusieurs dossiers de  manuscrits  amorcés.

 

Elle aime à séjourner sur sa couche, y faire à peu près tout : boire, manger, lire, écrire, dormir…

 

Sur le petit bureau s’empilent des supports de cours, des copies d’élèves. La première du tas : « Huit-Clos, scène VII… » annonce une belle écriture nourrie et moelleuse. La deuxième copie répète la même chose d’une écriture fine aiguë et tremblée. A l’examen final, il y a vingt huit fois Huit-Clos scène VII.

 
Mathieu s’ennuie.
 

 Nelly ne l’autorise pas à corriger ses copies, même une simple faute, ni à  préparer des cours.

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commentaires

P
C'est très fort. Un mélange très fort vraiment. Et très perturbant ces vas et vient du réel quotidien à l'imaginaire, du particulier au collectif, ça brasse, ça brasse ! C'est étonnant. Et tellement unique comme lecture.J'aime beaucoup !Kiki :-)
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<br /> Merci, tu me rassures quelque peu! je me demandais vraiment si je devais continuer à mettre ce récit en ligne...<br /> <br /> <br />

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