Après lecture de l'article de Keisha sur le rouleau de l'oeuvre de Kerouac, et prenant conscience que certains des blogueurs qui me lisent, s'intéressent à ce document, je rediffuse mon article de 2008 ( ouais, ici, c'est aussi nul que la télé, on rediffuse à tour de bras...), sur mon expérience Kerouacquienne. Le billet n'ayant pas reçu de commentaires, et n'étant pas lié à une date significative, il ne perd rien à être publié à nouveau.
Fans de Kerouac profitez-en pour le défendre contre mes vilaines attaques!
1) Début des années 70, je continue à lire les romans qu’il faut avoir lu à tout prix : me voilà plongée dans Kerouac.
On the road est un des premiers livres que j’ai lu en VO; deux autres lectures, en version française, l’avait précédé :« Les Clochard célestes »(un des titres les plus stupides jamais inventés pour rendre « The Dharma Bums » ) m’avait plu, et obtenu l‘aval de ma mère, ainsi que « Le Vagabond solitaire » mais …
en faisant connaissance avec au moins un texte en langue originale ,patatras!
Sur la route ( 1957) fut et reste pour moi décevant.
Moriarty, un réprouvé, hors-la-loi, errant, est un personnage type de roman picaresque, genre auquel appartient pleinement Sur la
route.
Il y a de bons romans picaresques : Jacques le fataliste est mon préféré.
Balzac, tout ce qui met en scène Vautrin, est picaresque et c'est très bon.
Il en est d'un peu longs, mais corrects ( La Ville des prodiges de Mendoza)
Il en est de pénibles, mais fréquentables( la vie de Lazarillo de Tormes).
Il y en a d'interminables, illisibles : Don Quichotte, par exemple. "Sur la route" relève de cette dernière catégorie...
Dean ne cherche pas à s'élever socialement.
Il est vrai, dans le roman picaresque, ce n'est pas une obligation. Le picaro est fier de son origine et de son parcours.
Il vient de sortir de prison lorsqu'il rencontre Sal Paradise (narrateurdu récit ) pour qui il sera un héros, une source inépuisable d'admiration. Sal est un
étudiant qui n'étudie pas, et vit d'une modeste pension de guerre.
Dean est un type minable, un petit délinquant sans envergure, et Sal Paradise un imbécile qui tient gentiment compagnie aux filles que Moriarty va baiser.
Ils ne font rien de leur vie ni l’un ni l’autre, et ne sont même pas intelligents. Leurs copains sont pénibles aussi, et les filles sont très bêtes… ils font la route… au début de cette lecture, on espère apprendre à se repérer géographiquement dans les Etats Unis...
J’ai noté :
Sal Paradise, narrateur. Soleil Paradis.
Dean Moriarty un gars de l’Ouest de la race solaire
Marylou une belle petite poule (les filles sont toutes désignées de cette façon !!)
Carlo Marx discours délirant et loufoque
Elmer Hassel; Old Bull Lee criminel ricaneur
Chad le nitzschéen anthropologue
Rémi Boncoeur ; Lee Ann
Paterson (chez sa tante)
Greyhound 34 eme rue
Yonkers
Rive est de l’Hudson ( source des Adirondacks)
Le pont de Bear Mountain que franchit la route 6 venant de la Nlle Angleterre
Pennsylvanie ( tout se joue en Pennsylvannie??)
Ohio
Indiana
Chicago
Joliet ( Illinois)
Iowa Davenport Des Moines Adel Stuart
Council Bluffs
Omaha le Missouri
Nebraska vallée du Platte
Montana Shelton
North Platte les grandes Landes
Et puis zut! A Denver, ça recommence, les fêtes, les parties foireuses ,les bavardages, les errances.
Un jour, Sal Paradise suit sa route sans son compagnon, et tombe sur une fille qui a un bébé (The Mexican Girl) part plusieurs mois avec elle,
travaille dans les champs à cueillir du chanvre, s’occupe un peu de l’enfant, commence une vie de couple avec de la tendresse et un peu de sexe.
C’est le seul bon passage du livre, mais Sal repart.
JOUER CE ROLE, OUI UN PEU, MAIS PAS L'ASSUMER...
On ne fixe pas, on ne prend pas de responsabilité.
Sal passe aussi du temps chez un couple de français les Boncoeur, en Californie. Disputes violentes, beuveries. Sal se tire, retrouve Dean et ses voitures chouravées, ses drogués, ses " belles petites poules"...
J’abandonne…
C’est le livre le plus nul de toute la littérature me dis-je, en 1970.On m’a trompée. Ce Kerouac est réac et même patriote. Pas agnostique du tout. Je ne sais pourquoi, j’avais cru…
2) Je me prends à suspecter les autres écrivains beat.
On me conseille Burroughs. J’ai lu le Festin nu : je n’ai aucun souvenir de ce livre, et ne pourrais en parler, mais à l’époque il m’avait
intéressée.
Burroughs dit que la drogue, on n’a pas besoin de faire l’article pour la vendre…c'est plus simple que la prostitution par exemple : nul besoin de parer la
marchandise de je ne sais quels attraits.
Je me suis intéressée à la technique du cut up qui a des points communs avec l’écriture automatique : j’ai même sorti le ruban magnétique de la cassette audio de Sergent Pepper et l’ai découpée en plusieurs morceaux que j’ai recollés avec du scotch. Puis j’ai réenroulé le ruban dans le support. Ce fut un travail considérable. Le ruban magnétique était incroyablement long. A l’écoute, on entendait des sons bizarres, mais pas de heurts , pas de mots scalpés… j’ai compris que j’avais réenroulé le ruban à l’envers.
3) Nous sommes toujours en 1970.
Une copine à qui j’ai parlé de mon exploit « cut-up », se dit vivement intéressée :
« sur A Day In The Life, à l’envers, on entend les bruits du terrible accident qui coûta la vie à Paul Mc Cartney !
- Ah ? Parce qu’il est mort ?
- Bien sûr ! Mais on n’a pas voulu rendre publique la nouvelle ; on lui a trouvé un sosie, qui chante à sa place. Mais en guise de cérémonie funèbre, l’accident de voiture est reproduit sur l’envers d’A Day In The Life.
-Ben, dis-je, à l’écoute, c’est loin d’être évident…
Elle est venue écouter et n’a pas trouvé ça concluant, malgré qu’elle crût dur comme fer à cette histoire de sosie.
4) Nous sommes en 1972 :
J’ai lu « Junkie » !
Burroughs y dit que la femme est un être inférieur ; je ne m’attendais pas à ça ! J’ai jeté le bouquin par la fenêtre de la chambre du huitième ( j’habitais une chambre de bonne.)
Sans compter que sa femme, il l'a tuée, et n'a pas été inquiété...