Edouard Prince s'est retiré dans un chalet des Vosges, vers les Mille Etangs avec son chien Pavlov. Il n'aime plus beaucoup sa vie : les livres pour enfants qu'il a écrits, il voudrait passer à la fiction pour adultes. Isabelle, son amie, il ne sait trop s'il veut s'engager sérieusement avec elle. Son passé aussi lui pose problème ; il ne sait comment vivre avec ce qu'il a perdu.
Voilà qu'allant faire ses courses, un enfant l'interpelle...
Qui s'appelle Edouard comme lui et lit ses romans pour enfants.
Une génération plus tôt, Gloria travaille dans une usine comme manutentionnaire. Elle voudrait tellement avoir son propre bébé plutôt que de se contenter de
garder ses neveux, les enfants de Mireille. Elle y pense tout le temps. Elle se distrait avec ses collègues et amis : Ginette, René, Sophie...
Edouard rentre chez lui après avoir évoqué la mort de son jumeau, enfant et son enfance triste, rencontré Isabelle, et beaucoup cogité. Nous faisons connaissance avec la famille d'Isabelle, son père, artiste peintre, qui paraît-il, ne l'aime pas, ne saurait aimer que son art. C'est du moins ce que pense la lampe qui pend au plafond de l'atelier de ce monsieur. Cette lampe est le troisième narrateur ; elle exprime son indignation .
Lucien Cordo (père de Mireille et donc grand-père d'Edouard Prince) dont l'histoire est contée à la troisième personne, est le plus original de ces personnages. Il a quitté sa femme et ses filles (Gloria et Mireille) parce qu'il avait été commotionné pendant la guerre et qu'il perdait la mémoire. Réfugié chez des paysans, Geneviève et Jacquot, il s'adonne à l'art de façonner le métal pour en faire une structure mi-humaine, mi animale.
Longtemps après ses épreuves, Edouard rencontre le gamin qu'il avait connu au centre commercial vosgien, et qui a dix-huit ans.
Les années ont fui... Edouard junior s'inquiète : « un homme sans passé peut-il vivre libre ? »
Le récit est donc formé en partie de monologues à plusieurs voix, on s'exprime avec naturel, en usant de termes familiers. Le lecteur n'est pas tenu à distance, mais il côtoie nombre de métaphores et néologismes surprenants.
Voici un extrait afin que vous puissiez entrer dans l'univers de Christine :
« C'est que je m'habitue moi à être sans joie ronchon décalé autocentré. Si elle m'aide je vais être obligé de lucidifier un verbe qui n'existe pas et qui fait vachement peur parce qu'en plus il ressemble à Lucifer. Elle est capable de me transformer en Edouard sûr de lui serein productif créateur responsable. Et qu'est-ce que je ferais du vieil Edouard ? Où est ce que j'entreposerais son cadavre ? Sur mes étagères entre deux phrases tartes ? Je ne sais pas si c'est très recommandé de marcher sans béquille. »
Christine anime aussi, avec RV, le blog Posuto,, chroniques politiques et
sociales nimbées d'humour et de fantaisie.
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