Pour ses quatre vingt ans, Camilleri a écrit un roman autobiographique, non policier.
Nous voilà dans la Sicile de la fin des années 30. Nenè est un petit garçon qui vit à côté d'une maison de tolérance. Il ignore ce qu'on y fait mais les femmes nues l'attirent déjà, vu que sa cousine et compagne de jeu Angela est assez délurée. En grandissant, il est admis avec deux de ses amis de lycée, à la pension. Mais bientôt la guerre mondiale arrive jusqu'en Sicile. Les péripéties que vivent les filles, les clients et la tenancière la Signura Flora vont se corser des divers tourments que peut rencontrer un pays en guerre.
Et pourtant, on observe des miracles à la pension Eva. Par exemple Ambra, une jeune femme inspirée, voit descendre du ciel un ange nu qui atterrit sur la terrasse de la pension en repliant ses ailes... de parachute. Une autre va rencontrer saint Loca en personne. Un vieux monsieur très distingué retrouve sa fièvre virile à cause d'une bombe qui explose à ses côtés. Jacolino, un ami de Nenè, nul en latin et grec, s'améliore fortement en fréquentant la pension. Il arrive que l'amour naisse entre un client et une fille, et leur avenir n'est pas tracé d'avance...
A la fois roman de formation, documentaire sans concession sur la guerre vécue chez les civils, et récit plein de fantaisie et d'esprit, ce roman est
aussi bon, voire supérieur aux enquêtes policières. On peut noter aussi, que le langage est nettement plus classique que dans les romans policiers de l'auteur. Certains diront "moins inventif"
d'autres "plus lisible"...