Editions de l'Escampette.
Voulant faire des parodies sérieuses, JD (auteur du célèbre traité de ponctuation française ainsi que de plusieurs livres sur la musique classique et contemporaine) reconstitue les dernier jours de Louis XIV, sous forme d'un journal du 30 août 1715 au 1er septembre jour où il mourut deux jours avant son soixante dix septième anniversaire. Il s'inspire de Saint-Simon, entre autres, et ce journal d'agonisant est d'un naturel et d'une force peu commune qui engendre la sympathie pour le personnage du roi qu'à première vue on n'aime guère. C'était le but recherché (montrer l'humanité du roi qui n'est pourtant pas un sujet) et ce but est atteint.
Suit une liste ou un inventaire dédié à Agnès Varda des noms des animaux de personnalités très diverses, encore vivantes, ou loin dans le passé, d'Hannibal à Matha Argerich (beaucoup de musiciens bien sûr). Surtout des chats et des chiens mais aussi des singes, des oiseaux, des poissons rouges, des gallinacés, des lions... pas de serpent mais des tortues (celles de Paulhan). On se demande jusqu'à quel point c'est vrai et où il a pu obtenir ces infos, quand on sait soi-même si peu de chose sur le sujet ! Je savais que la guenon de Ferré s'appelait Pépée, c'est à peu près tout !
Bien des associations font sourire dans cette liste, et sentent le canular (mais on s'en réjouit) tel que « les chiens de Freud des chow- chow s'appelaient To-psy Joffri Youpi et Lun yu. Son chien loup Wolf » et encore « La perruche de Glenn Gould Mozart, ses poissons rouges Bach, Beethoven, Chopin Haydn... »
On s'attend à ce que Colette ait une multitude de chats et l'on n'est pas déçu !
J'aurais bien vu Hemingway avec des chiens, mais ce sont cinquante sept matous qu'il chérissait !
Il cite aussi les « chats de Jean-Louis Haguenauer [( un pianiste que j'ai trop peu connu, au lycée, au début des années 70)] et Thomas Dupuis : Awa, Farfadet, Bouboule, Madécasse, bibiche, Izmir. » On s'amuse aussi du « dogue d'Emily Brontoë Keeper, ses oies Victoria et Adélaïde, son faucon Hero » et autres facéties qui sont peut-être vraies, on s'en fiche d'ailleurs. L'ensemble est poétique.
La liste suivante s'intitule « choses qui ont retenu mon attention »miscellanées. Pour cette composition JD s'est souvenu des « Notes de chevet de
Sei Sheinagôn » et il le rappelle. Là aussi, il a été bien inspiré. Ces séries de choses qui se croisent en contrepoint appartiennent à des registre différents, et l'on voit revenir les
répétitions-variantes avec plaisir. Une série « mots d'esprit », une série citation, des variations prosaïques (les chariots de supermarchés qui roulent de travers) des vacheries
(l'inculture de Matha Argerich), des notations littéraires (le cahier des charges de la « Vie mode d'emploi ») et au milieu son beau fils Antoine, évoqué par Antoine Doinel répété sur
plusieurs lignes et s'interrompant au milieu d'une « Antoine Doi »,cette notation appartenant à une série «observation
des enfants ».
L'ensemble est drôle, intelligent et émouvant.
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